Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/366

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qu’il avait déjà peint une première fois[1] et qu’il reproduisit après son élection au cardinalat ; le médecin Fracastor, et pour Monsignor Giovanni della Casa, Florentin, homme illustre par son nom et ses écrits, un très beau portrait d’une dame[2] que ce seigneur aima quand il était à Venise. Aussi l’artiste mérita-t-il que l’écrivain l’honorât dans le très beau sonnet qui commence ainsi :

Ben vegg’io, Tiziano, in forme nove
L’idolo mio, che i begli occhi apre e gira.

Dernièrement il a envoyé au roi d’Espagne une Cène d’une beauté extraordinaire, qui n’a pas moins de sept brasses de longueur[3].

Outre les ouvrages que nous venons de mentionner et beaucoup d’autres moins importants que nous passons sous silence, pour être bref, Titien a chez lui, à l’état d’ébauche, les œuvres suivantes : un martyre de saint Laurent[4], semblable au premier, et qu’il destine au roi catholique, une grande toile du Christ en croix entre les larrons et les bourreaux, commencée pour MesserGiovanni d’Anna ; un tableau commencé pour le doge Grimani, père du patriarche d’Aquilée ; et trois immenses toiles destinées au plafond de la salle du grand palais de Brescia[5]. Il y a quelques années, il commença, pour Alphonse 1er duc de Ferrare, un tableau où il représenta une jeune fille nue s’inclinant devant Minerve, accompagnée d’un autre personnage : dans le lointain, on aperçoit la mer et Neptune monté sur son char[6]. Alphonse avait lui-même indiqué le sujet de cette composition : sa mort en arrêta l’achèvement. En ce moment, Titien a presque entièrement conduit à fin un Christ apparaissant à Madeleine, sous la forme d’un jardinier[7], en grandeur naturelle ; un autre tableau de même grandeur qui représente la Vierge et les autres Maries déposant le Christ au tombeau[8] ; une Madone que l’on peut regarder comme une des plus belles choses qui se trouvent dans sa maison ; son propre

  1. Le premier portrait est perdu : le deuxième, peint vers 1540, est dans la Galerie Barberini, à Rome.
  2. Elisabetta Quirini, portrait perdu.
  3. Dans le réfectoire de l’Escurial, signé TITIANVS F. C. ; ce tableau a été coupé et est entièrement repeint.
  4. Peint et envoyé à Philippe II, en 1567 ; placé sur le maître-autel de la vieille église de l’Escurial.
  5. Détruites par l’incendie du 18 janvier 1575.
  6. Actuellement palais Doria, à Rome.
  7. Galerie Nationale à Londres.
  8. Au Louvre.