Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/373

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en mourant, à la sérénissime république de Venise, qui, après l’avoir gardé durant plusieurs années dans la salle du Conseil des Dix, le donna, en 1534, au cardinal de Lorraine qui le transporta en France[1].

Tandis que Sansovino augmentait chaque jour sa réputation à Rome par ses études de l’art, Giuliano da San Gallo, chez lequel il demeurait au Borgo Vecchio, tomba malade et se fit porter en litière à Florence pour changer d’air. Jacopo obtint alors, par le crédit de Bramante, un logement dans le palais de Domenico della Rovere, cardinal de San Clemente, au Borgo Vecchio, et fut mis en relation avec Luca Signorelli, Bramantino de Milan et Bernardino Pinturicchio. Dans le même palais logeait Pietro Perugino qui peignait alors, pour le pape Jules, la voûte de la chambre, dans la tour Borgia ; Pietro, ayant vu la belle manière de Sansovino, lui fit faire, pour s’en servir, quantité de modèles en cire, entre autres, un Christ descendu de la croix, en haut relief, avec des échelles et des figures, qui fut une œuvre remarquable. Ce Christ, ainsi que d’autres œuvres de même sorte, et les modèles de diverses compositions, fut recueilli par Monseigneur Giovanni Caddi ; elles sont toutes à présent dans sa maison de Florence, sur la Piazza di Madonna[2].

Bramante, désirant que Jacopo fût connu du pape Jules II, lui fit confier la restauration de quelques antiques ; Jacopo s’acquitta de cette tâche avec tant d’application et d’adresse que Sa Sainteté et tous les artistes s’accordèrent à dire que l’on ne pouvait faire mieux. Ces éloges l’aiguillonnèrent au point que, ne tenant pas compte de la gracilité de sa complexion, et s’étant livré à quelques excès de jeunesse, il tomba malade et dut retourner à Florence, où l’air natal, la force de la jeunesse et les soins des médecins lui rendirent bientôt la santé.

À cette époque, Messer Pietro Pitti, qui était chargé de faire sculpter en marbre une Madone destinée à la façade du Mercato Nuovo, où est l’horloge, pensa que, comme il y avait à Florence quantité de valeureux jeunes artistes et d’anciens maîtres, il fallait allouer le travail à celui qui présenterait le meilleur modèle. Il en demanda un à Baccio da Montelupo, Zaccheria Zacchi da Volterra, Baccio Bandinelli et au Sansovino. Ce dernier fut proclamé vainqueur par Lorenzo di Credi, peintre excellent et homme judicieux, ainsi que par les autres juges, les artistes et les connaisseurs. Mais, bien que cette œuvre lui eût été

  1. On en a perdu la trace.
  2. Elles sont actuellement au Musée de South-Kensington, à Londres.