ne tarda pas à s’apercevoir que Michel-Ange voulait être seul[1]. Toutefois, pour ne pas avoir fait un voyage inutile, il se décida à rester à Rome et à s’y occuper à des travaux d’architecture et de sculpture. Il exécuta alors en marbre, pour le Florentin Giovan Francesco Martelli, une Madone tenant l’Enfant Jésus et plus grande que nature, qui fut placée sur un autel, à la façade intérieure de Sant’Agostino, à main droite en entrant[2]. Peu de temps après, il fit, pour l’autel de la chapelle construite dans l’église des Espagnols, à Rome, par le cardinal Alborense, un saint Jacques qui fut très admiré et lui valut une grande réputation.
Pendant qu’il sculptait cette statue, il fit le plan et le modèle et commença à faire construire l’église de San Marcello, appartenant aux frères des Servi ; c’est une très belle œuvre. Continuant à être employé dans des œuvres d’architecture, il fit, pour Messer Marco Coscia, une admirable loggia sur la route qui va de Rome au Ponte Molle, par la Via Flaminia. Pour la Compagnia del Crocefisso, dans l’église San Marcello, il fit un Crucifix en bois, destiné à être porté dans les processions, très agréable à voir ; pour le cardinal Antonio di Monte, il commença une grande bâtisse dans sa vigne, hors de Rome, sur l’Acqua Vergine. On peut lui attribuer un fort beau buste en marbre du vieux cardinal di Monte susdit, qui est aujourd’hui dans le palais du seigneur Fabiano, à Monte San Savino, au-dessus de la salle principale. Il fit construire encore le palais de Messer Luigi Leoni, très commode et, in Banchi, un palais destiné à la famille Gaddi, qui fut ensuite acheté par Filippo Strozzi : il est certes commode et très beau, avec une foule d’ornements[3].
À cette époque, et à l’exemple des Allemands, des Français et des Espagnols, qui avaient déjà construit à Rome, où étaient en train d’y construire des églises nationales, et qui y faisaient célébrer la messe, la nation florentine, appuyée par Léon X, avait demandé à en faire autant. Le pape ayant donné pouvoir à Lodovico Capponi, alors consul de la nation, il fut décidé que l’on élèverait, à l’entrée de la Strada Giulia, sur le bord du Tibre, une immense église dédiée à saint Jean-Baptiste, et qui surpasserait en magnificence, en grandeur et en richesse, les églises des autres nations. Raphaël d’Urbin, Antonio da San Gallo, Baldassare Peruzzi et Sansovino ayant présenté des dessins,