Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/419

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au pied des carrières, depuis plus de trente ans ; mais, depuis, le duc Cosme a fait terminer la route.

Michel-Ange, s’étant décidé à revenir à Florence, perdit beaucoup de temps à s’occuper d’une chose et de l’autre ; il fit, par exemple, pour le palais Médicis, un modèle de fenêtres grillées qui éclairent les chambres du coin[1]. Il passa plusieurs années à extraire des marbres ; à la vérité, pendant qu’il y était occupé, il faisait des modèles de cire et d’autres projets pour la façade ; mais le temps passa et l’argent du pape qui y était affecté fut dépensé pendant les guerres de Lombardie. L’œuvre resta inachevée, par suite de la mort de Léon X, et il n’y eut d’exécuté que les fondations destinées à soutenir la façade, de même qu’on n’amena qu’une seule colonne en marbre, qui est actuellement sur la place San Lorenzo. La mort de Léon X plongea les arts et les artistes dans un tel marasme, tant à Rome qu’à Florence, que, tant qu’Adrien VI vécut, Michel-Ange resta à Florence, occupé au tombeau de Jules IL Adrien étant mort, le nouveau pape Clément VII[2] montra qu’en architecture, en sculpture et en peinture, il n’était pas moins désireux de laisser une grande renommée que Léon X et ses autres prédécesseurs. L’année 1525, Giorgio Vasari, étant encore enfant, fut conduit à Florence par le cardinal de Cortone[3], et placé auprès de Michel-Ange pour étudier. Celui-ci, ayant été appelé à Rome par le pape Clément VII, pour lequel il avait commencé la bibliothèque de San Lorenzo, et la nouvelle sacristie destinée à renfermer les tombeaux des aînés du pape, auxquels il travaillait, plaça Vasari auprès d’Andrea del Sarto, et vint lui-même dans l’atelier de celui-ci, pour le lui recommander.

Michel-Ange partit pour Rome en toute hâte, car il était tourmenté de nouveau par Francesco Maria, duc d’Urbin, et neveu du pape Jules II, qui se plaignait de lui, disant qu’il avait reçu 16.000 écus pour exécuter le tombeau, et qu’il passait son temps à Florence a ne rien faire. Le duc lui adressait force menaces, ajoutant que, s’il n’obtenait pas satisfaction, il saurait se venger. Quand Michel-Ange fut arrivé à Rome, le pape Clément, qui voulait se servir de lui, lui conseilla de traiter avec les agents du duc, qui, d’après lui, était plutôt le débiteur de Michel-Ange que son créancier, eu égard à ce qu’il avait déjà fait. La chose en resta là, puis le pape et Michel-Ange, après avoir parlé de différentes choses, tombèrent d’accord de terminer d’abord la

  1. Ces grilles n’existent plus.
  2. Élu le 19 novembre 1523.
  3. Silvio Passerini.