Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/437

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l’attestent Messer Alessandro Ruffini, alors camérier du pape, et Messer Pier Giovanni Aliotti, évêque de Furli, Finalement, le pape approuva le modèle qu’avait fait Michel-Ange, qui réduisait Saint-Pierre à une forme plus petite, mais néanmoins avec plus de majesté, en sorte que tous les hommes de goût se déclarèrent satisfaits, bien que certains, qui font les connaisseurs, et à tort, n’eussent pas approuvé le projet.

Michel-Ange trouva que les quatre gros piliers faits par Bramante et conservés par Antonio da San Gallo, et qui devaient supporter le poids de la coupole, étaient trop faibles. Il les renforça donc en partie, et fit deux escaliers en colimaçon dans les murailles latérales de la nef, d’une pente si douce, que les bêtes de charge peuvent monter les matériaux jusqu’au sommet, et que pareillement on peut les gravir à cheval jusqu’au plan au-dessous des voûtes. Sur les arches en travertin, il édifia la première corniche qui est circulaire, en ronde-bosse, chose admirable, gracieuse et très différente des corniches usuelles ; il n’est pas possible de faire mieux en ce genre. Il commença les deux grandes niches de la croisée et là, où primitivement Bramante, puis Baldassare et Raphaël voulaient ménager huit tabernacles, vers le Campo Santo, ce qui fut continué par San Gallo, Michel-Ange n’en fit que trois renfermant trois chapelles, et au-dessus une voûte en travertin, avec un ordre de fenêtres étincelantes de lumière, d’une forme variée, et d’une grandeur extraordinaire. Comme tout cela a été mis en lumière par la gravure, il n’est pas nécessaire que je m’attarde à le décrire. Qu’il suffise de savoir qu’il établit toute sa construction, surtout aux points où les ordres changent, avec tant de solidité qu’elle ne pût pas être ensuite modifiée, en quoi que ce fût, par d’autres ; sage prévoyance, qui émane d’un génie prudent, parce qu’il ne suffit pas de faire bien, si l’on n’y joint pas la certitude de durée. De même la présomption et la suffisance de ceux qui croient savoir, si l’on s’en tient plus à leurs paroles qu’à leurs actes, d’autre part la protection que leur accordent ceux qui n’y entendent rien, peuvent avoir bien des inconvénients.

Le peuple romain désirait, avec l’agrément du pape, donner une forme belle, utile et commode au Campidoglio, et l’embellir avec des ordres d’architecture, des montées, des escaliers à longue pente, en les ornant de statues antiques. On consulta pour cela Michel-Ange qui leur dressa un dessin admirable et d’une grande richesse, d’après lequel, du côté du levant, on devait construire en travertin une façade au palais où habite le Sénat, et pour y pénétrer un double escalier donnant accès sur le palier supérieur d’où l’on pénètre dans la salle du milieu de ce palais ; ces escaliers devaient être à double retrait et munis de beaux