engager de grandes dépenses pour leur unique profit. Michel-Ange serait donc parti volontiers, mais, si la volonté était prompte, la chair était faible et le retenait à Rome. Aussi le duc Cosme lui fit-il dire de se tranquilliser, de ne plus penser à revenir à Florence, et qu’il préférait le voir occupé à Saint-Pierre qu’ailleurs, ne désirant rien tant que son contentement. Après quoi, Michel-Ange écrivit à Vasari qu’il remerciait le duc de tant de bonté, et il ajoutait : « Que Dieu me donne la grâce de le servir de ma pauvre personne, car la mémoire et la cervelle s’en sont allées Dieu sait où ! » Cette lettre est d’août 1557.
Michel-Ange avait amené la construction de Saint-Pierre à un point qu’on ne travaillait plus que lentement : une grande partie de la frise des fenêtres intérieures était terminée, et il en était de même de la rangée de colonnes doubles de l’extérieur qui entourent le tambour, sur lequel devait reposer la coupole. Aussi ses grands amis, le cardinal de Carpi, Messer Donato Gianotti, Francesco Bandini, Tommaso de’ Cavalieri et le Lottino, le pressaient-ils de faire au moins un modèle, puisqu’on tardait à voûter la coupole. Il resta de longs mois sans s’y décider ; finalement il s’y mit et fit peu à peu un petit modèle en terre, d’après lequel il voulait ensuite en faire un plus grand en bois, en s’aidant des plans et des élévations qu’il avait dessinés. Puis il le fit construire[1], en un peu plus d’un an, par Maestro Giovanni Franceze, après l’avoir longuement étudié et préparé : ce modèle est à l’échelle d’une palme antique, avec tous les détails de l’ornementation[2].
Survint la mort du pape Paul IV, et l’élection du pape Pie IV, qui fit continuer la construction du petit palais, dans le jardin du Belvédère, par Pirro Ligorio, maintenu architecte de ce palais ; quant à Michel-Ange, il lui fit force caresses et offres avantageuses. Le bref que ses prédécesseurs avaient approuvé, et qui concernait la construction de Saint-Pierre, continua a avoir son effet ; le pape rendit même à Michel-Ange une partie des revenus et provisions qu’on lui avait enlevés sous Paul IV, et l’employa dans plusieurs de ses entreprises. De son temps, la construction de Saint-Pierre fut poussée activement. Entre autres travaux, il lui demanda un dessin pour le tombeau du marquis de Marignan, son frère, qui dut être élevé, dans le dôme de Milan, par le chevalier Lione Lioni d’Arezzo, excellent sculpteur et grand