Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/449

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cherchait à acheter à Rome quelque bel antique, pour le lui envoyer à Florence.

À cette époque[1], le pape lui demanda un dessin pour la Porta Pia, et il en fit trois très beaux et très originaux, parmi lesquels le pape choisit celui qui entraînait la plus petite dépense, et qu’on a construit, pour la plus grande gloire de Michel-Ange. Voyant le désir du pape de restaurer les autres portes de Rome, il fit plusieurs dessins à ce sujet, et de même, à la demande de ce pontife, il donna le plan de l’église Santa Maria degli Angeli, qu’on éleva dans les ruines des thermes de Dioclétien, transformés ainsi en temple chrétien. Son dessin fut préféré à ceux de quantité d’architectes excellents, et il avait pensé à tant ménager les commodités des Chartreux, que cet édifice est aujourd’hui un couvent modèle. Il conserva l’ossature des thermes anciens, et y pratiqua une église admirable, avec une entrée qui dépasse tout ce qu’on pouvait imaginer. Il dessina également, à la demande de Sa Sainteté, et pour ce couvent, un ciboire du Saint-Sacrement, en bronze[2], qui fut coulé par Maestro Jacopo, Sicilien, excellent fondeur, dont les œuvres viennent finement, sans bavures, à la coulée, et peuvent être facilement réparées. C’était un maître unique dans ce genre, et il plaisait à Michel-Ange infiniment.

La nation florentine avait souvent projeté de donner une bonne tournure à la construction de l’église San Giovanni, dans la Strada Giulia. Les chefs des familles les plus riches, s’étant réunis et promettant de subvenir à la dépense, chacun selon ses moyens, firent en sorte qu’ils ramassèrent une grande somme d’argent. Puis, disputant entre eux s’il valait mieux suivre les plans anciens ou faire quelque chose de nouveau et meilleur, ils résolurent de conserver les vieilles fondations, et d’édifier dessus de nouvelles constructions. Finalement, ils nommèrent intendants de la bâtisse Francesco Bandini, Uberto Ubaldini et Tommaso de’Bardi, qui demandèrent un plan à Michel-Ange[3], lui exposèrent que c’était une honte pour la nation d’avoir dépensé tant d’argent sans aucun profit, et que, si son savoir ne pouvait aider à terminer l’église, ils ne sauraient plus à qui s’adresser. Il leur promit son concours avec toute la bonté dont il était capable, parce que, non seulement, dans sa vieillesse, il aimait à s’occuper de choses sacrées pour glorifier Dieu, mais encore il voulait honorer sa patrie qu’il aima toujours.

  1. En 1560, puis par contrat du 2 juillet 1561.
  2. N’existe plus.
  3. Fin 1559.