Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/452

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mes jours chez moi : aussi, je vous demande mon congé. » Cela ne plut pas au pape qui, le réconfortant avec de bonnes paroles, lui dit de venir lui parler le même jour dans l’église d’Ara Cœli. Ayant donc fait rassembler les intendants de la construction, il voulut savoir la raison de tout ce qui s’était passé, et ils lui répondirent que la construction tombait en ruines, et que Michel-Ange commettait erreur sur erreur. Le pape, sachant que ce n’était pas vrai, ordonna au seigneur Gabrio Scierbelloni d’aller à la construction pour tout voir, et de se faire rendre compte par Nanni de ses projets, ce qui fut fait ; et le seigneur Gabrio ayant trouvé que tout n’était que fausseté et mauvaise foi, Nanni fut chassé, avec des paroles peu flatteuses, en présence de beaucoup de personnes ; Gabrio lui reprocha d’avoir amené par sa faute la ruine du pont Santa Maria ; qu’à Ancône, voulant faire beaucoup d’ouvrage avec peu de dépense, pour curer le port, il l’avait rempli en un jour plus que la mer ne l’avait fait en dix ans. Telle fut la fin de la coopération de Nanni à la construction de Saint-Pierre.

Pendant dix-sept ans, Michel-Ange ne s’appliqua à autre chose qu’à assurer qu’après sa mort on ne pût y apporter de modifications, instruit qu’il était par les odieuses persécutions auxquelles il était en butte. Aujourd’hui elle est suffisamment assurée pour qu’on puisse voûter la coupole en toute sécurité. Par là, il s’est vu que Dieu, qui protège les gens de bien, l’a défendu tant qu’il a vécu, et a toujours agi en vue de l’avantage de cette construction et du bon renom de cet homme jusqu’à sa mort. Après lui, Pie IV ordonna aux intendants de ne rien changer à ce qu’avait projeté Michel-Ange, et, avec plus d’autorité encore, Pie V, son successeur, le fit mettre à exécution. Pour ne pas amener de désordres, il voulut que les plans de Michel-Ange fussent suivis strictement par ses continuateurs, les architectes Pirro Ligorio et Jacopo Vignola. Pirro, ayant voulu avec présomption y apporter quelque modification, fut enlevé à la construction avec peu d’honneur pour lui, et Vignola resta seul.

Pour en revenir à Michel-Ange, un an environ avant sa mort. Vasari avait secrètement agi auprès du duc Cosme, pour que celui-ci s’entendît avec le pape, par l’entremise de Messer Averardo Serristori, son ambassadeur, parce qu’il s’était aperçu que Michel-Ange avait beaucoup décliné, de manière que ceux qui l’entouraient ou qui étaient à son service, veillassent attentivement sur lui, et que, s’il lui survenait un accident toujours à prévoir chez un vieillard, on fît en sorte que toutes ses affaires, vêtements, dessins, cartons, modèles, ainsi que son avoir fussent inventoriés et mis en garde. Tout ce qui regardait la cons-