V RAIMENT les arts de l’architecture, de la peinture et de la sculpture
s’accrurent considérablement du fait des excellents maîtres dont
nous avons parlé jusqu’ici dans la deuxième partie de ces Vies, et qui
ajoutèrent aux matériaux amassés par les premiers, la règle, l’ordre, la
mesure, le dessin et la manière, sinon parfaitement en tout, du
moins en s’approchant de la vérité, en sorte que les artistes de la
troisième époque, dont nous parlerons maintenant, purent, grâce à
ce flambeau, se hausser et s’élever à la suprême perfection que
reflètent les œuvres modernes du plus haut prix et les plus renommées.
Mais pour qu’on reconnaisse encore plus clairement la qualité des améliorations qu’ont provoquées les artistes précités, il ne sera certes pas hors de propos d’énoncer en peu de paroles les cinq adjonctions que j’ai distinguées plus haut, et de rechercher succinctement d’où est provenu ce vrai bien qui rend le siècle moderne si glorieux, et le fait surpasser le siècle antique.
En architecture, la règle fut donc le mode de mensurer les ruines antiques, et de suivre le plan des édifices antiques dans les œuvres modernes. L’ordre consista à distinguer un genre de l’autre, en sorte qu’il y eut concordance entre le corps et ses membres, et que l’on ne confondit plus entre eux le dorique, l’ionique, le corinthien et le toscan. La mesure devenue universelle, tant en architecture qu’en sculpture, permit de faire les corps des figures droits et réguliers, avec les membres en concordance ; pareille chose arriva en peinture. Le dessin consista dans la plus belle imitation de la nature, dans toutes les figures aussi bien sculptées que peintes ; cette qualité provient de