Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/83

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à l’huile, dans l’un desquels on voit un Christ mort, qui fut couvert d’éloges[1]. Dans le baptistère de Parme, il peignit à fresque une tribune, où il représenta la Vierge montant au ciel, entourée d’une quantité immense d’anges et de bienheureux[2]; il paraît vraiment impossible qu’il ait pu exécuter ou même imaginer une pareille œuvre, remarquable par la beauté des draperies et le caractère des figures. L’Annonciation qu’il peignit à fresque, dans l’église des Franciscains[3] de la même ville, est si belle, que les frères, voulant restaurer le bâtiment qui tombait en ruines, entourèrent la muraille de bois armés de fers et la coupèrent peu à peu, sauvant ainsi la peinture qui fut fixée ensuite dans un lieu plus sûr du même couvent.

Il peignit encore, sur une porte de la ville, une Vierge tenant l’Enfant Jésus dans ses bras[4], fresque qui comble d’étonnement les étrangers qui n’ont pas vu ses autres ouvrages. À Sant’Antonio, il y a de lui un tableau représentant la Vierge, sainte Marie Madeleine, et, auprès d’eux, un enfant[5], semblable à un petit ange, qui tient un livre et rit si naturellement qu’il égaie qui le regarde, et rendrait joyeuse une personne même mélancolique. On y voit encore un saint Jérôme d’une couleur étonnante. Antonio fit également des tableaux et d’autres peintures pour plusieurs seigneurs de Lombardie, entre autres deux tableaux, à Mantoue, pour le duc Frédéric II qui les envoya à l’empereur. L’un d’eux représente une Léda nue[6], et l’autre une Vénus ; les chairs ont une souplesse et un modelé dans les ombres qui les rendent semblables à la nature même. À Modène, il peignit une Vierge[7] que tous les peintres estiment beaucoup et considèrent comme la meilleure peinture de cette ville. À Bologne, il y a de sa main, dans la maison degli Ercolani, un Christ qui apparaît à Marie-Madeleine dans le jardin[8], œuvre vraiment admirable, et, à Reggio, un tableau

  1. Et l’autre, le Martyre de sainte Placide et de sainte Flavie ; ces deux tableaux sont à la Pinacothèque de Parme.
  2. Erreur ; ce sujet est peint sur la coupole de la cathédrale. Dans le baptistère était représenté le Couronnement de la Vierge, exécuté de 1520 à 1525 et payé 472 sequins d’or. Actuellement à la Bibliothèque de Parme.
  3. Erreur ; dans l’église della S.S. Annunziata a Capo di Ponte ; en mauvais état
  4. C’est la Madonna della Scala, actuellement à la Pinacothèque de Parme.
  5. Commandé en 1523 par Briseide Colla, veuve d’Orazio Bergonzi, et payé 400 lires impériales. Actuellement à la Pinacothèque de Parme.
  6. Au Musée de Berlin. La Vénus, qui est plutôt une Danaé, est dans la galerie Borghése à Rome.
  7. C’est peut-être le Mariage mystique de sainte Catherine, qui est au Louvre.
  8. Actuellement dans la sacristie de l’Escurial.