son protecteur, Bramante exécuta ce travail avec toute l’intelligence et la célérité dont il était capable. Quoique cet ouvrage soit loin d’être parfait, il attira à son auteur un grand renom, car il y avait à Rome peu d’artistes qui s’appliquassent à l’architecture avec autant d’amour, de savoir et d’activité que lui.
Bramante fut encore, à ses débuts, employé comme architecte en second par le pape Alexandre VI, à la fontaine de Trastevère, et à celles que l’on construisit sur la place Saint-Pierre[1]. Sa réputation s’étant accrue, il prit également part avec d’autres habiles architectes à la construction d’une grande partie du palais de San Giorgio et de l’église de San Lorenzo in Damaso, que Raffaello Riario cardinal de San Giorgio, faisait élever, près du Campo di Fiore. Bien qu’on ait fait mieux depuis, on considère, encore maintenant, ces édifices comme une habitation aussi commode que magnifique. Il coopéra aussi par ses avis à l’agrandissement de San Jacopo degli Spagnuoli in Navona et à la construction de l’église Santa-Maria de anima, qui fut confiée à un architecte allemand. Puis il donna le dessin du palais du cardinal Adriano di Corneto[2], dans le Borgo Nuovo, que l’on construisit lentement et qui resta inachevé, à cause de la fuite du cardinal[3]. On lui doit également le dessin pour l’agrandissement de la grande chapelle de Santa Maria del Popolo. Ces différents ouvrages lui acquirent à Rome une telle renommée qu’il était considéré comme le premier architecte ; son extrême facilité d’invention, jointe à une égale promptitude dans la construction, le firent employer pour les plus importants travaux par tous les grands personnages de Rome.
Le pape Jules II, ayant été élu en 1503, le prit immédiatement à son service. Il avait conçu l’idée de donner la forme d’un théâtre rectangulaire au petit vallon qui existait entre l’ancien palais pontifical et les constructions élevées par le pape Innocent VIII, et qui séparait le Belvédère[4] de l’ancien palais du Vatican ; deux galeries formant les deux côtés du petit vallon devaient permettre de passer à couvert du Belvédère dans le palais, et inversement ; du vallon on devait monter par un escalier à double rampe sur le terre-plein du Belvédère. Bramante, qui avait un très grand jugement et un esprit original, apte à de pareils travaux, disposa dans la partie la plus basse