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de Fernand Mendez Pinto.

en auant ne leur prendroit aucune choſe de leur marchandiſe. Alors vn des deux demeura en oſtage pour les vingt-mille Taeis, & l’autre s’en alla querir les lingots qu’il apporta vne heure apres, enſemble vn beau presẽt de pluſieurs belles choſes de valeur que tous les Necodas luy enuoyoient. Cela fait Antonio de Faria voulant aduancer vn ſien ſeruiteur qui s’appelloit Coſta, le fit Greffier des patentes que l’on deuoit donner aux Necodas, dont il taxa incontinent le prix qui deuoit eſtre pour celles des Iuncos, cinq Taeis pour chacune, & deux Taeis pour celles des Vancoes, Lanteaas, & Barcaſſes ; ce qui fut vne ſi bonne affaire pour l’Eſcriuain, qu’en l’eſpace de treize iours que dura l’expedition de ces lettres, il gaigna (ſelon le rapport de ceux qui l’enuioient) plus de quatre mille Taeis en argent, outre pluſieurs beaux preſents qu’ils luy donnoient pour eſtre promptement expediés. La forme de ces patentes eſtoit en ces mots. Ie donne aſſeurance ſur ma verité, au Necoda tel, afin qu’il puiſſe librement nauiger par toute la coſte de la Chine, ſans eſtre offensé de pas vn des miens, à condition qu’où il treuuera des Portugais, qu’il les traictera comme freres, & au bas il ſignoit, Antonio de Faria ; leſquelles patentes furent toutes exactement obſeruées, & par ce moyen il fut tellement redouté le long de cette coſte, que le Chaem meſme de cette Iſle d’Ainan, qui est le Vice-Roy d’icelle, à cauſe du recit qu’il auoit ouy faire de luy, l’enuoya viſiter par ſon Ambaſſadeur, auec vn riche preſent de perles & de ioyaux. Par meſme moyen il luy eſcriuit vne lettre, par laquelle il le requeroit de vouloir prendre party auec le fils du Soleil, nom qu’ils donnerent à l’Empereur de cette Monarchie, pour le ſeruir de Capitaine General de toute la coſte de Lamau, iuſques à Liampoo, auec dix mille Taeis de penſion tous les ans, & que s’il le ſeruoit bien, conformément à ſa renommée, il luy aſſeuroit que les trois ans de ſa charge eſtans finis, il ſeroit aduancé au rang des quarante Chaems du gouuernement, auec vn pouuoir abſolu ſur la Iuſtice, & qu’il ſe ſouuint que les hommes comme luy, s’ils eſtoient fideles, pouuoient paruenir à eſtre des douze Tutoens du gouuernement, leſquels Tutoens le ſouuerain fils du Soleil, Lyon couronné au