de beſoin, & qu’à l’entrée d’icelle il y auoit vn petit village nommé Xamoy, peuplé de pauures peſcheurs ; mais que trois lieuës plus auant eſtoit la ville, où il y auoit force ſoye, muſc, pourcelaines, & autres ſortes de marchandiſes, que l’on tranſportoit en pluſieurs endroits. Auec cet aduis nous allaſmes vers cette riuiere, où nous arriuaſmes le lendemain apreſdiſner, & anchraſmes vis à vis d’icelle enuiron vne lieuë dans la mer, de crainte que noſtre malheur ne nous fit courir ſemblable fortune, que celle dont i’ay parlé cy-deuant. La nuict ſuiuante nous priſmes vn Paroo de peſcheurs, auſquels nous demandaſmes quels Iuncos il y auoit en cette riuiere, combien ils eſtoient, & la quantité de gens qu’il y auoit en iceux, & pluſieurs autres choſes propres à noſtre deſſein. A quoy ils reſpondirent, qu’en la ville qui eſtoit à mont la riuiere, il y auoit enuiron deux cens Iuncos ſeulement, à cauſe que la pluſpart eſtoient deſia partis pour s’en aller à Ainan, à Sumbor, Lailoo, & autres ports de la Cauchenchine : Qu’au reſte en l’habitation de Xamoy nous pouuions eſtre en ſeureté, & que l’on nous y vendroit toute ſorte de choſes, dont nous aurions beſoin, & ainſi nous entraſmes dans l’emboucheure de cette riuiere, & y anchraſmes tout ioignant le village, où nous demeuraſmes l’eſpace d’vne demie heure de temps, & c’eſtoit enuiron la minuict vn peu plus ou moins. Mais Antonio de Faria voyant que la Lanteaa en laquelle nous nauigions, ne pouuoit nous conduire à Liampoo, où nous auions fait deſſein de nous rendre pour hyuerner, conclud par l’aduis de la pluſpart de ſes gens, de ſe pourueoir d’vn autre meilleur vaiſſeau ; & combien qu’en ce temps-là nous ne fuſſions point en eſtat de rien entreprendre ; toutesfois la neceſſité nous contraignit de faire plus que nos forces ne permettoient ; il y auoit pour lors dans le port vn petit Iunco anchré ſeul ſans qu’il y en euſt aucun autre ; ioint que ceux de dedans eſtoient en fort petit nombre, & tous endormis. Antonio de Faria iugeant que ce luy eſtoit vne bonne commodité pour effectuer ſon deſſein, y accourut incontinent, laiſſant ſon anchre en mer, & s’egala auec ce Iunco ; puis auec vingt-ſept ſoldats, & huict garçons qu’il auoit encore, il
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de Fernand Mendez Pinto.