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de Fernand Mendez Pinto.

plaines de lingots d’argent de la valeur de dix mille Taeis. Antonio de Faria ayant remercié ce bon vieillard en termes fort courtois, des honneurs que iuſques à lors on luy auoit faits, enſemble du preſent qu’on luy offroit, s’excuſa de le receuoir, combien qu’il fuſt grandement importuné de le faire.




De quelle façon Antonio de Faria fut mené à l’Egliſe, & de ce qui s’y paſſa iuſqu’à ce que la Meſſe fuſt achevée.


Chapitre LXIX.



Antonio de Faria partit à l’inſtant pour s’en aller à l’Egliſe, où l’on le voulut conduire à couuert d’vn riche daiz, que ſi des principaux habitans & des plus honorables de Liampoo luy tenoient tout preſt ; mais il ne le voulut iamais accepter, leur diſant qu’il n’eſtoit point né pour receuoir vn ſi grand honneur qu’on luy vouloit faire. Cela dit, il pourſuiuit ſon chemin ſans autre pompe que d’ordinaire, accompagné de beaucoup de gens, tant Portugais qu’autres de diuers païs, que le cõmerce auoit fait rẽdre en ce port, pour eſtre le meilleur & le plus riche qui fut alors en cette contrée. Cependãt de quelque coſté qu’il iettaſt ſes yeux, il ne voyoit que reſjoüiſſances publiques, qui conſiſtoient en danſes, mõmeries, ieux & intermedes de pluſieurs façons ; de l’inuention de ceux du païs qui conuerſoient parmy nous ; ce que les vns faiſoient par prieres, & les autres pour y eſtre forcez, ſur peine de payer l’amende à laquelle on les condamnoit : Toutes leſquelles feſtes eſtoient renduës plus ſplendides par les trompettes, cornets à bouquin, haut bois, fluſtes, harpes, violes, fifres, & tambours qui s’oyoient de toutes parts, & ſe confondoient dans vn labyrinthe de voix à la Chinoiſe, qui eſtonnoient tellement le ſens qu’on ne ſçauoit ſi c’eſtoit vn ſonge tant la choſe paroiſſoit extraordinaire. Comme il fut arriué