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Voyages Aduentureux

y comprendre les manifiques banquets qui ſe faiſoient, tant les Feſtes que les Dimanches, & en quelques autres iours de la ſemaine, de maniere que nous paſſfaſmes là cinq mois de temps, auec tant de diuertiſſement & de plaiſir, que lors que nous en partiſmes nous ne croyons pas y auoir eſté ſeulement cinq iours. Ce terme expiré, Antonio de Faria fit ſes preparatifs de vaiſſeaux & de gens, pour s’en aller aux mines de Quanjaparu. Or d’autant qu’il eſtoit en vne ſaiſon fort propre à faire ce voyage, il ſe reſolut de partir le plus promptement qu’il pourroit. Mais il arriua cependant que le Corſaire Quiay Panjan fut ſaiſi d’vne ſi grande maladie qu’il en mourut quelques iours apres, & ce au grand regret d’Antonio de Faria qui l’affectionnoit infiniment, parce qu’il trouuoit en luy des qualités fort dignes de ſon amitié ; auſſi le fit il enſeuelir honorablement, comme eſtant le dernier deuoir que l’on peut rendre à vn amy. Apres la mort de Quiay Panjan on luy conſeilla de ne ſe point hazarder en ce voyage, à cauſe que l’on tenoit pour choſe aſſeurée que tout ce païs eſtoit en armes, & en reuolte pour les grandes guerres que le Prechau Muan auoit auec le Roy Chammay, enſemble auec les Pafuas & auec le Roy de Champaa, ſur quoy luy fut donné vn auis en ce meſme lieu d’vn fameux Corſaire qui ſe nommoit Similau, qu’il s’en alla chercher incontinent ; & l’ayant trouué il luy raconta de grandes merueilles d’vn Iſle appellée Calempluy, où il l’aſſeura qu’il y auoit dix-ſept Roys de la Chine enſeuelis en des tombeaux d’or, enſemble vne grande quantité d’idoles de meſme matiere, il adiouſta là deſſus que la plus grande difficulté qu’il y euſt en cela, c’eſtoit de charger les Nauires. Ce meſme Corſaire luy fit le recit des grands threſors qu’il y auoit en cette Iſle, dont ie ne veux point traiter icy, pour ce que ie me doute bien que ceux qui en liroient la relation n’en voudroit rien croire. Or comme Antonio de Faria eſtoit naturellement fort curieux, & porté de cette méme ambition à laquelle tous les ſoldats ſont enclins, il preſta l’oreil tout auſſi toſt à l’auis de ce Chinois, ſi bien que pour tarder dauantage il ſe reſolut de le ſuiure. Ainſi ſans en chercher d’autre teſmoignage que ce recit, il entreprit de s’expo-