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de Fernand Mendez Pinto.

il ſe mit en reſolution de s’oſter de là & de ne plus continuer cette route, de quoy le Similau s’apperceuant, & s’oppoſant à l’auis que tous luy donnoient : Monſieur, luy dit-il, ie ne penſe pas qu’il y ait aucun des vôtres qui iuſques icy me puiſſe accuſer d’auoir mal fait mon deuoir, vous ſçauez que dans Liampoo ie vous dis publiquemẽt au conſeil general qui fut tenu dans l’Egliſe en preſence de plus de cent Portugais, que nous allions tous nous expoſer à de grands dangers, & moy principalement pour eſtre Chinois & Pilote : car pour vous autres, l’on ne vous feroit endurer qu’vne mort, mais quant à moy l’on m’en donneroit deux mille ſi cela ſe pouuoit. Par où vous pouuez bien voir que laiſſant à part toute trahiſon, il faut neceſſairement que ie vous ſois fidelle comme ie ſuis & ſeray toute ma vie, non ſeulement en ce voyage, mais en toute autre entrepriſe en dépit de ceux qui en murmurent & qui vous ont fait de faux rapports de moy : que ſi vous apprehendez ce danger ſi fort comme vous dites, & voulez que nous allions par vne autre route moins frequentée d’hommes & de vaiſſeaux, nous mettrons bien plus long temps à ce voyage ; mais auſſi nous nauigerons ſans crainte d’aucune choſe. C’eſt pourquoy prenez en reſolution auec vos gens, ſans differer dauantage, ou bien retournons nous en, car me voila preſt à faire tout ce que vous voudrez. Antonio de Faria luy ſceut fort bon gré de cela, & pour ce ſuiet il l’en embraſſa pluſieurs fois, puis s’entretenant auec luy ſur la route qu’il deuoit prẽdre pour faire ce voyage, à cauſe des grands perils qu’il apprehendoit. Similau luy dit, qu’à cent ſoixante lieuës plus auant du coſté du Nord, il y auoit vne riuiere vn peu plus large d’enuiron demie lieuë, qui s’appelloit Sumhepadano, ſur laquelle il ne pouuoit trouuer aucun obſtacle, à cauſe qu’elle n’eſtoit point peuplée comme cette anſe de Nanquin où il ſe trouuoit alors, mais qu’il y auoit auſſi vn mois de retardemẽt pour le grand detour que cette riuiere faiſoit. Là deſſus Antonio de Faria trouuant plus à propos de ſe harzarder dans vne longueur de temps, que de ſe mettre en danger de la vie, pour abreger le chemin ſuiuit le conſeil que Similau luy donna, de maniere que ſortant de l’anſe de Nanquin il coſtoya