Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/337

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
319
de Fernand Mendez Pinto.

eſtiment ſi veritables, qu’il n’y en a pas vn d’eux qui ne vouluſt mourir mille fois pour les ſouſtenir.




Des choſes que nous trouuaſmes à mont cette riuiere iuſqu’a noſtre arriuée à la ville de Iunquieu, enſemble de ce que nous viſmes tant en ce lieu qu’en vn autre village plus eſloigné.


Chapitre XC.



Le lendemain eſtant partis de cette ville de Pocaſſer, nous arriuaſmes en vne autre ville appellée Xinligau, qui eſt encore fort grande & fort belle. Là ſe voyent plusieurs baſtimens enclos de muraille de brique auec de bons foſſez à l’entour, & aux extremitez deux chaſteaux grandement bien fortifiez auec des tours & des bouleuards preſque à noſtre mode. Aux portes il y a des ponts leuis ſuſpendus en l’air par des groſſes chaiſnes de fer, & au milieu de ces meſmes chaſteaux eſt remarquable vne tour à cinq eſtages, auec force inuentions de peintures differentes. Les Chinois nous aſſeurerent qu’en ces deux tours il y auoit vn treſor qui valoit plus de quinze mille picos d’argent de rente, que l’on recueilloit en tout cet Archipelago, lequel treſor le pere grand du Roy qui regnoit auoit fait mettre en ce lieu, pour memoire d’vn ſien fils qui eſtoit né, & s’appelloit Liuquinau c’eſt à dire, Allegreſſe de tous. Ceux du païs le tiennent pour Saint, pour auoir finy ſes iours en religion, & là meſme il eſt enſeuely dans vn temple de l’inuocation de Quiay Varatel, Dieu de tous les poiſſons de la mer, de qui ces miſerables aueugles racontent vne infinité de ſottiſes, enſemble des loix qu’il a inuentées, & des preceptes qu’il leur a donnez. Ce qui eſt veritablement capable d’eſtonner vn chacun, comme ie diray plus amplement lors qu’il en ſera temps. En cette ville & en vne autre qui eſt cinq lieuës plus haut, on trauaille à la pluſpart