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de Fernand Mendez Pinto.

moit Cide Ale, auoit fait declarer la guerre à Hidalcan, iurant qu’auſſi-toſt que la fortereſſe de Diu ſeroit priſe, ce qui ne tarderoit au plus que huict iours, ſelon l’eſtat auquel il l’auoit laiſſée, Hidalcan perdoit ſon Royaume, ou la vie, & que là il reconnoiſtroit combien peu luy ſeroient vtiles les Portugais, en qui il auoit tant de confiance. Auec ces nouuelles le Capitaine Morais s’en retourna à Goa, où il arriua dans deux iours, pour y rendre compte au Vice-Roy de ce qui s’eſtoit paſſé. Là nous treuuaſmes Gonzallo Vaz Continho, lequel auec cinq Fuſtes s’en alloit à Onor, pour y demander à la Reyne vne Galere de l’armée de Solyman, qui auoit eſté iettée en ces ports par vn vent contraire. Or dautant qu’vn des Capitaines de ces Fuſtes m’eſtoit grandement amy, me voyant pauure & neceſſiteux, il me fiſt embarquer auec luy pour faire ce voyage, me faiſant donner en outre cinq ducats de paye, que i’acceptay tres-volontiers, ſous l’eſperance que i’eus que par là Dieu m’ouuriroit vn chemin à vne meilleure fortune. Alors le Capitaine & les ſoldats voyans bien en quelle miſere i’eſtois, m’aſſiſterent auſſi de quelques hardes qu’ils auoient de ſurplus, ainſi ie me treuuay tout rapiecé, comme les autres ſoldats mes compagnons, qui n’eſtoient pas plus heureux que moy. Le lendemain matin, qui eſtoit vn Samedy, nous partiſmes de la rade de Bardées, & le Lundy ſuiuant nous moüillaſmes l’ancre dans le port d’Onor. Là afin que les habitans du lieu reconneuſſent le peu de conte que nous tenions de cette grande armée, nous fiſmes vne grande ſalue d’artillerie, accommodans nos Antennes en façon de guerre, auec vn grand bruit de fifres & de tambours, afin que de ces monſtres exterieures ils inferaſſent que nous faiſions fort peu d’eſtime des Turcs.