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Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/69

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de Fernand Mendez Pinto.

conque qu’elles n’attirent ſur l’arbre ; tellement que de cette façon rien ne leur eſchappe. Là nous apperceuſmes auſſi vne grande quantité de Magots, gris & noirs, de la hauteur d’vn gros mâtin, deſquels les Negres de ce pays ont plus de peur que de tous les autres animaux, pource qu’ils attaquent auec tant de hardieſſe, que nul ne leur peut reſiſter.




De ce qui m’aduint à Panaiû, auec le Roy des Batas, deuant qu’il partiſt pour s’en aller contre Achem.


Chapitre XV.



Comme nous euſmes fait enuiron ſept ou huict lieuës amont la riuiere, nous arriuaſmes enfin en vne petite ville nommée Batorrendan, qui ſignifie en noſtre langue Pierre-frite, eſloignée de Panaiu d’vn quart de lieuë ſeulement. Là eſtoit pour lors le Roy des Batas, qui s’appreſtoit à s’en aller combatre Achem. Ce Roy ayant receu la lettre & le preſent que ie luy portois de la part du Capitaine de Malaca, me fit receuoir par le Xabandar, qui eſt celuy qui auec vn pouuoir abſolu gouuerne tout ce qui appartient aux affaires de l’armée. Ce General accompagné de cinq Lanchares, & douze Ballons (qui ſont des vaiſſeaux ainſi nommez, dont ils vſent d’ordinaire) s’en vint me treuuer au port où i’auois anchré. Puis auec vn grand bruit de tambours Impériaux, de cloches, & d’acclamations populaires, il me mena iuſques à vn quay de la ville, appellé Campalator. Là le Bendara, Gouuerneur du Royaume m’attendoit en grande ſolemnité, accompagné de pluſieurs Ourobalons & Amborrajas, qui ſont les plus nobles de ſa Cour, ce qui n’empeſchoit pas que la pluſpart d’entr’eux ne fuſſent fort pauures, & mechaniques, tant en leurs habits, qu’en leur façon de viure, par où i’ay cogneu que le païs, n’eſtoit pas ſi riche qu’on le faiſoit dans Malaca. Arriué que ie fus au Palais du Roy, apres que i’eus trauerſé la premiere baſſe-cour ; à l’entrée de la ſeconde ie treuuay vne vieille