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de Fernand Mendez Pinto.

ce que la nuict eſtoit fort obſcure, & ſes gens laſſez, il ſe contenta de ce qu’il auoit fait, & en rendit graces à Dieu.




De ce que fit encore le Roy des Batas, apres le ſuccez de cette iournée.


Chapitre XVII.



Le Roy des Batas tint ceſte ville aſſiegée par l’eſpace de vingt-trois iours, durant leſquels deux ſorties furent faites, où rien ne ſe paſſa de memorables, car il n’y fut tué de part & d’autre que dix hommes tant ſeulement ; mais comme les victoires & les bons ſuccez de la guerre ont accouſtumé d’encourager le victorieux, il arriue quelquesfois que les foibles ſe font ſi forts, & les poltrons ſi hardis, que poſans bas toute crainte, ils ne feignent point d’entreprendre les choſes les plus difficiles & dangereuſes ; d’où il s’enſuit auſſi aſſez ſouuent que les vns s’aduancent, & les autres ſe ruinent. Cela ne parut que trop cuident en ce que ie remarque de ces gens-là ; car le Roy des Batas voyant que celuy d’Achem s’eſtoit retiré auec vne grande demonſtration de ſe confeſſer vaincu, en vint iuſqu’à ce point de hardieſſe, que luy & ſes gens croyans qu’il fuſt impoſſible de leur reſiſter, & ſe confians en ceſte vaine opinion qui les aueugloit, coururent deux fois fortune de ſe perdre, pour les actions temeraires qui furent par eux commiſes. En la ſeconde ſortie que firent les habitans, les gens du Roy des Batas les attaquerent vertement par deux endroits, dequoy s’eſtans apperceus ceux d’Achem, faiſans mine d’eſtre les plus foibles, ils ſe retirerent vers la meſme fortereſſe où l’ennemy leur auoit pris le iour precedent douze pieces d’artillerie, & où il eſtoit entré par eſcalade, ſuiuy d’vn de ſes Capitaines, à qui l’occaſion eſtant fauorable il y monta peſle-meſle auec les ſiens, pource qu’il luy ſembloit que la victoire luy fuſt aſſeurée. Mais comme ils furent tous dans les tranchées, les gens d’Achem leur tour-