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de Fernand Mendez Pinto.

incontinent dans mon Iurupango, où ie fus à peine arriué, que ſans attendre vn ſeul moment, ie fis faire voile à mes matelots, & laiſſay l’anchre en mer, m’imaginant touſiours que ceux du pays venoient apres moy pour me prendre, à cauſe de la grande peur, & de l’extréme danger de mort que i’auois couru quelques heures auparauant.




De ce qui m’arriua depuis que ie fus party de la riuiere de Parles, iuſqu’à mon retour à Malaca, & des relations que ie fis de certaines choſes à Pedro de Faria.


Chapitre XX.



Estant party de la riuiere de Parles, vn Samedy enuiron Soleil couché, ie fis toute la diligence qui me fut poſſible, & continuay ma route iuſqu’au Mardy ſuiuant, qu’il pleuſt à Dieu me faire arriuer aux Iſles de Pullo Sambillan, premiere terre de la coſte de Mallayo. Là de bonne fortune ie treuuay trois Nauires Portugais, deux deſquelles venoient de Bengala, & l’autre de Pegu, où commandoit Triſtan de Gaa, qui auoit autresfois eſté Gouuerneur de la perſonne de Dom Laurens, fils du Vice Roy Dom François d’Almeda, qui depuis fut mis à mort par Miroocem à la rade de Chaül, dequoy il eſt amplement traicté dans les Histoires du découurement des Indes. Ce meſme Tristan me fournit beaucoup de choſes dont i’auois vn extréme beſoin, comme de cordages, & de mariniers ; enſenble de deux ſoldats, & d’vn Pilote ; puis luy-meſme, & les deux autres vaiſſeaux eurent touſiours ſoin de moy iuſqu’au port de Malaca. M’y eſtant deſembarqué, la première choſe que ie fis, fut de m’en aller à la fortereſſe, pour y ſaluër le Capitaine, & luy rendre compte de tous les ſuccez de mon voyage. Par meſme moyen ie l’entretins amplement ſur ce que i’auois veu pluſieurs riuieres, ports, & havres nouuellement deſcouuerts en l’Iſle de Samatra, tant du coſté de la Mer