Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/109

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FIX, déguisé en nègre et descendant d’un compartiment.

Je suis dans le même train que mon voleur, et je défie bien à son domestique de me reconnaître !

PASSEPARTOUT, descendant d’un autre compartiment.

M’être laissé voler comme un niais ! Que dira mon pauvre maître quand il saura…

FIX, s’approchant de Passepartout.

Ça qu’est temps bien froid, massa Français !

PASSEPARTOUT.

Va-t’en au diable, moricaud !

FIX.

Vous pas bien jouyeux, massa ?…

PASSEPARTOUT, tristement.

Non, moi, pas joyeux du t… Allons, bon, voilà que je parle nègre, à présent !

ARCHIBALD.

Il me paraît utile de se dégourdir les jambes. Depuis cinq jours que nous sommes dans ce train… Neuf ! cents lieues de chemin de fer…

PASSEPARTOUT.

Le fait est que j’ai les pieds glacés et engourdis.

FIX.

Vous pas voulé battre un peu semelle avec bon nègre ?

PASSEPARTOUT.

Battre semelle ?

FIX.

Oui, pour réchauffer pieds à nous.

PASSEPARTOUT.

Soit, moricaud… battons ! (Ils se mettent à battre la semelle ensemble.) Ah ! si je me trouve jamais en face de mon voleur…

FIX.

Vous qu’a été volé, massa ?

PASSEPARTOUT.

Oui !… (Battant toujours la semelle.) Et si le brigand se rencontre à portée de ma main…

FIX, même jeu.

Ou bin de pied à vous, bon blanc…

PASSEPARTOUT.

S’il en réchappe, il fera chaud !…