Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/172

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1er MATELOT.

Oui !… une carcasse qui n’est plus bonne à rien, et que le premier coup de vent va démolir !

MATELOT, montrant Grant du poing.

Et tout cela, par la faute de ce capitaine de malheur !

FORSTER, à Ayrton.

Tu le vois, Ayrton !… Ils sont maintenant montés contre Grant ! Profitons-en ! Oui… et commande à sa place !

AYRTON.

Patience, Forster, patience. Dick ! Le moment n’est pas encore venu, mais il est proche, et je ferai payer à cet homme tout ce que j’ai souffert dans mon amour-propre et mes intérêts. — Ah ! capitaine Grant ! c’est toi qu’on a investi de cette mission d’aller à la découverte du pôle Sud, et de préférence à moi ! C’est toi qu’on a nommé commandant de ce Britannia, sur lequel je n’occupais que la seconde place ! Eh bien ! le naufrage aura fait ce que ma volonté n’a pu faire ! Malheur à toi !

JAMES, à part.

Qu’ont-ils donc à se dire ainsi tout bas ! Je tremble pour mon père ! Il me semble que nous ne sommes entourés que d’ennemis.

FORSTER, à Ayrton.

Mais pourquoi attendre plus longtemps ?

AYRTON.

Parce que je veux savoir, avant d’agir, à quel parti va s’arrêter Harry Grant.

FORSTER.

Et quel parti veux-tu qu’il prenne, si ce n’est de quitter cet îlot par quelque moyen que ce soit, et de regagner les terres du Nord ?

DICK.

Un baril de biscuit et un quartaut d’eau-de-vie pour vingt-trois personnes !… Avant huit jours nous serions morts de faim !

AYRTON.

Dans quelques instants nous saurons à quoi nous en tenir !

FORSTER.

Et si le capitaine s’obstine dans l’accomplissement de son projet qui est, maintenant, une menace de mort pour tout l’équipage ?