Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le premier donné l’exemple de la désobéissance ! Je vous casse de votre grade ! Vous n’êtes plus le second du Britannia !

AYRTON.

Que m’importe !… il n’y a plus de Britannia !

GRANT.

Il reste sa chaloupe. C’est une partie de lui-même, et c’est maintenant notre unique moyen de salut.

FORSTER, à part.

Que veut-il dire ?

GRANT.

Je viens d’explorer cet îlot. Il est aride, sans végétation, et ne peut fournir aux besoins matériels d’un hivernage. Il faut donc le quitter, revenir aux terres du Pacifique et, puisque le vent est favorable, nous embarquer aujourd’hui même.

AYRTON.

La chaloupe ne peut contenir que vingt hommes, au plus, et nous sommes vingt-trois à embarquer !

GRANT.

Trois hommes de l’équipage resteront sur cet îlot.

LES MATELOTS.

Trois ?…

GRANT.

Je viendrai, moi-même, les y reprendre. Dans trois semaines, la chaloupe aura rallié les côtes de la Nouvelle-Zélande. Là je fréterai un bâtiment. Les glaces ne reparaîtront que dans cinq mois ! Or, avant cinq semaines, je serai de retour, et nous reverrons l’Angleterre ; vous, vos familles ; moi, mes chers enfants, que j’y ai laissés, Mary et Robert.

AYRTON, l’interrompant.

Et lesquels d’entre nous resteront sur l’îlot ?

TOUS.

Oui, oui ! lesquels ?

GRANT.

Ceux que le sort désignera. Les noms vont être mis dans un chapeau, et les trois premiers sortants…

AYRTON, l’interrompant.

C’est inutile.

GRANT.

Comment ?