Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/183

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GRANT, qui vient de heurter du pied la bouteille tombée à terre.

Attends !… Cette bouteille !… Un document qu’on y enfermerait !… que l’on jetterait à la mer !…

JAMES.

Peut-être serait-il recueilli par quelque navire ?

GRANT.

Et peut-être viendrait-on nous sauver avant que ne soit écoulé le temps, si long, hélas ! qu’exigera la construction d’une nouvelle chaloupe !

JAMES.

Oui, père, écris !… Moi, pendant ce temps, je vais préparer un morceau de toile goudronnée pour boucher la bouteille.

GRANT, déchirant une feuille de son carnet et écrivant :

« Capitaine Grant et son fils, abandonnés sur l’îlot Balker, près des terres australes, après naufrage du Britannia, par 37° latitude sud et 165° longitude ouest. Une longue agonie les attend. Venez à leur secours, ou ils sont perdus ! »

(Grant prend ce papier, il le plie, et il l’introduit dans la bouteille.)

JAMES, lui donnant le tampon de toile.

Tiens, père…

GRANT, fermant la bouteille.

Il faut, sans plus tarder, nous rendre à la nage jusqu’au Britannia ! Peut-être y trouverons-nous quelques vivres, quelques vêtements ? Le bois et le fer que nous en arracherons sont encore notre plus précieuse ressource !

JAMES, apercevant Burck.

Ah ! Burck ! abandonné aussi !… Père, il est intéressé, comme nous, à cette tentative de salut !…

GRANT.

Qu’attendre d’un pareil homme ?

JAMES.

Permets-moi, cependant… (Sur un signe approbatif de Grant, il s’approche de Burck, s’agenouille auprès de lui et le secoue légèrement.) Burck ! Burck !

BURCK.

Que me veut-on ? (Regardant James.) Hein ! vous, le fils de capitaine maudit !… Arrière ! vous dis-je, arrière, ou sinon !…