Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ARABELLE.

C’est juste, j’oubliais… (Remontant vers le fond.) Je vais, là-haut, prendre l’air… Ah ! (Redescendant du côté de la joue non rasée de Bob.) Je me sens un peu étourdie !… Donnez-moi votre bras jusqu’à l’escalier.

BOB, revient de l’autre côté.

Mon… mon bras ? Voilà, milady, voilà. (Il le lui offre.)

ARABELLE.

Non, pas celui-ci, l’autre. (Il passe de l’autre côté.)

BOB, vivement.

Voilà, voilà, milady…

ARABELLE.

Mais pourquoi donc changez-vous ainsi de côté ?

BOB.

Pour… pourquoi, milady, c’est que… (En ce moment un coup de sonnette retentit.) Ah ! On sonne, milady, on sonne… (Montrant la cabine no 3.) On dirait que cela vient de cette cabine.

ARABELLE.

Mais cette cabine ne peut être occupée ! Est-ce que mon neveu et le capitaine Wilson ne sont pas sur le pont ?

BOB.

Je les y ai vus, au contraire. (Nouveau coup de sonnette plus violent que le premier.) — (Se dirigeant vers la cabine.) Il faudrait voir ! il faudrait… (Il s’essuie vivement la joue.)

ARABELLE.

Y songez-vous, Rébecca ! S’il se trouvait là quelque personne du sexe mâle !…

BOB, s’oubliant.

C’est ça qui ne me gênerait guère !

ARABELLE, interloquée.

Hein ? comment ?

BOB, se troublant.

Non. je veux dire que… cela ne me plairait guère. (À part.) Satanés jupons !… J’oublie toujours que c’est mistress Rébecca qui est dedans.

(Troisième coup de sonnette, et la porte de la cabine no 3 s’ouvre. Passe une tête coiffée d’un bonnet de nuit. Cette tête porte des lunettes qui ne sont jamais mises sur les yeux mais sur le front.)