Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GLENARVAN.

Une fois arrivé dans l’Inde, est-ce Calcutta que vous avez choisi pour point de départ de vos voyages ?

PAGANEL.

Oui, milord ! C’est de Calcutta que je m’élancerai pour voir l’Inde ! C’est mon plus beau rêve qui va se réaliser dans la patrie des éléphants et des Thugs.

ARABELLE, tendant sa tasse.

Du sucre. Je voudrais un peu de sucre dans mon thé.

PAGANEL.

Voilà, milady, voilà… Imaginez-vous, milord… (Il verse, en parlant la salière dans la tasse d’Arabelle.)

ARABELLE.

Mais c’est du sel, monsieur ! c’est du sel !

PAGANEL.

Ah ! pardon ! ah oui, c’est du sel ! Encore une distraction ! C’est étonnant, moi qui n’en ai jamais…

GLENARVAN, passant le sucrier.

Voici le sucre.

PAGANEL.

Merci, je n’en prendrai pas.

GLENARVAN.

C’est pour ma tante !

(Paganel verse le sucrier dans la tasse d’Arabelle.)

ARABELLE.

Qu’est-ce que vous faites ?

PAGANEL.

Je suis désolé, madame, mais on ne peut en ôter ! Il est fondu ! (À Glenarvan.) Je suis chargé, milord, de remplir une importante mission. Il s’agit de longer la base septentrionale de l’Himalaya et de savoir enfin si l’Irawaday ne se joint pas au Bramapoutre dans le nord-est de l’Assam.

ARABELLE, à part.

Quels mots effrayants ce géographe a dans la bouche !

GLENARVAN.

Monsieur Paganel, je ne veux pas prolonger plus longtemps votre erreur ! Sachez que vous tournez le dos à la péninsule indienne !