Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/284

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va nous emprisonner de nouveau, nous arrachant la dernière espérance de voir apparaître quelque navire !… Qu’allons-nous devenir cette fois ? Ah ! Dieu n’a pas pitié de nous !

JAMES, qui s’est levé, se traînant vers son père.

Père, ne pleure pas ! ne te désespère pas ! Je me sens mieux, un peu de nourriture me remettra ! Il y a encore des oiseaux dans l’île…

GRANT.

Je vais lâcher d’en rapporter quelques-uns.

JAMES.

Oui, père, et promets-moi de ne plus pleurer ! Je te dis que j’ai bon espoir !

GRANT.

Mon James !

JAMES.

Je suis sûr que l’on viendra à notre secours ! Tu sais bien cette bouteille que tu as jetée à la mer !… Le document qu’elle renfermait a dû tomber entre les mains d’hommes généreux et braves !… Ils sont peut-être maintenant à notre recherche !… Ne désespérons pas, mon père !… (Chancelant.) Ne désespérons…

GRANT, avec effroi.

Tu souffres… tu chancelles…

JAMES, s’affaiblissant encore.

Non… non. Je ne souffre pas… Je… je… un peu de faiblesse… voilà tout !… (James tombe dans les bras de son père.)

GRANT.

James ! mon enfant ! mon cher enfant !

JAMES.

Je vais… regagner ma couche… pendant que tu iras… chasser pour… nous deux !… mais pas trop loin… n’est-ce pas ?

GRANT.

Oh ! non, je ne m’éloignerai pas ! Je tremble toujours que ce misérable Burck… Plusieurs fois il est venu jusqu’ici voler les vivres que nous avions… jusqu’à ce peu d’eau-de-vie que je conservais précieusement, et dont quelques gouttes auraient pu te ranimer, mon pauvre James !

JAMES.

Rassure-toi !… Il y a longtemps qu’il n’a reparu !… Peut-être a-t-il