Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/285

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quitté l’îlot sur quelque débris flottant !… ou peut-être est-il mort, hélas !…

GRANT.

James… tu frissonnes !…

JAMES.

Porte-moi dans notre cabane !… Je… je…

GRANT.

James ! mon James… Ô ciel ! Il perd connaissance !… Est-ce qu’il va mourir, mon Dieu ! Est-ce que vous allez me l’arracher… Ah ! c’est le froid, cet horrible froid qui le tue ! (Il porte James dans la hutte, le dépose sur la couche, et se dépouille de sa jaquette pour en couvrir son fils.) Il paraît plus Calme… Oui, il s’endort !… Peut-être quelques heures de sommeil feront-elles tomber cette fièvre qui le mine ! Oh ! mon pauvre enfant, j’ai voulu t’associer à la gloire de mes découvertes, et je ne t’ai associé qu’à ma misère, âmes douleurs ! Pardonne-moi, pardonne-moi !… Allons, avant que les derniers oiseaux n’abandonnent ces parages.

JAMES, endormi.

Mary ! Robert !… Oui ! oui, c’est vous !…

GRANT, s’approchant.

Il rêve à son frère, à sa sœur !… Mes enfants, que font-ils ? Que sont-ils devenus ? Ah ! malheureux père ! dont le cœur ressent à la fois les souffrances de celui qui est là, et tout le désespoir de ceux qui le pleurent là-bas !… (Il jette un dernier regard sur James endormi.) Allons. (Il sort, en passant à travers les rochers de gauche.)


Scène II

JAMES, seul.
(James, en proie au délire de la fièvre, s’agite sur sa couche et se soulève.)

Père ! père ! viens avec moi ! Ah ! nous sommes sauvés enfin ! Nous sommes sauvés ! (Descendant de sa couche.) Nous avons quitté cette île déserte et glacée !… Vois ces arbres, ces fleurs, ce bon soleil qui nous réchauffe ! C’est le printemps ! c’est le printemps ! (Un peu de neige commence à tomber et les lueurs de l’horizon diminuent.) Ah !… voilà… voilà Mary et Robert !… Je vous revois enfin ! je vous embrasse tous deux !… Que c’est bon de se