Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/310

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Voulez-vous autoriser les journaux étrangers à dire qu’une fête donnée en l’honneur de Sa Majesté n’a pas duré jusqu’au jour ? Nous avons là des correspondants qui, j’en suis sur, notent nos moindres impressions !

JOLLIVET.

Monsieur le gouverneur, les reporters sont des curieux, mais non des indiscrets.

BLOUNT.

Curiousses toujours… indiscrètes jamais… les reporters anglais… jamais !

JOLLIVET.

D’ailleurs, en ce qui me concerne, je compte quitter Moscou après le bal, et je prie Votre Excellence de recevoir mes sincères remerciements.

BLOUNT.

Je priai de recevoir aussi les miennes… avant…

JOLLIVET, riant.

Oui, ceux de monsieur… avant, pour votre bienveillant accueil…

LE GOUVERNEUR.

Et de quel côté dirigez-vous vos pas, messieurs ?

BLOUNT.

Moi… côté de Sibérie.

JOLLIVET.

Moi, de même !… Nous allons voyager ensemble, cher collègue !

BLOUNT.

Dans le même temps, oui… ensemblement… non !

JOLLIVET.

Toujours charmant, monsieur Blount !

LE GOUVERNEUR.

Bon, je comprends !… On a parlé d’un mouvement en Tartarie… Mais cela ne vaut pas la peine que vous vous dérangiez !

JOLLIVET.

Pardon, Excellence, mon métier est de tout voir…

BLOUNT.

Le mienne, de tout voir et de tout entendre… avant !

JOLLIVET.

Et mon journal… je veux dire… ma cousine, est très friande de ces nouvelles, dont elle recevra la primeur.

BLOUNT.

Le Morning-Post recevra…