Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/311

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JOLLIVET.

Avant ?… Impossible, cher confrère… Les dames sont toujours servies les premières !

LE GOUVERNEUR.

En tous cas, messieurs, vous m’appartenez jusqu’au jour, et je veux qu’après avoir assisté à la fête officielle, vous assistiez, du haut de ce balcon, à la fête populaire qui va commencer à minuit.

JOLLIVET.

Soit, nous partirons demain !… Si vous me le permettez, je vous ferai une proposition, monsieur Blount ! Nous sommes rivaux ?

BLOUNT.

Ennemis, mister !

LE GOUVERNEUR, riant.

Ennemis !

JOLLIVET.

Ennemis, c’est convenu !… Mais, attendons, pour ouvrir les hostilités, que nous soyons sur le théâtre de la guerre… et une fois là, chacun pour soi, et Dieu pour…

BLOUNT.

Et Dieu pour moi.

JOLLIVET.

Et Dieu pour vous !… Pour vous tout seul !… Très bien ! Cela va-t-il ?

BLOUNT.

Non !… cela ne allait pas !

JOLLIVET.

Alors, la guerre tout de suite… mais je suis bon prince. (Lui prenant le bras et l’emmenant à l’écart.) Je vous annonce, petit père, comme disent les Russes, que les Tartares ont descendu le cours de l’Irtyche.

BLOUNT.

Ah ! vous pensez que les Tertères…

JOLLIVET, riant.

Et si je vous le dis, mon cher ennemi, c’est que j’en ai télégraphié la nouvelle à ma cousine, hier soir, à huit heures moins un quart ! (Riant.) Ah ! ah ! ah !

BLOUNT.

Et moi, hier, je avais télégraphié au Morning-Post, à sept heures et demie… Ah ! ah ! ah !