Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/50

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LE PARSI.

Non ! je ne ferai pas cela, moi qui suis comme toi de la race des Parsis.

AOUDA.

Ah ! je suis sauvée, alors.

LE PARSI.

Princesse Aouda, dispose de ton serviteur. Il se fera tuer pour toi ! Mais comment as-tu pu fuir ?

AOUDA.

Grâce au dévouement de Nakahira, la courageuse Malaise, qu’on a enlevée de son pays pour en faire une esclave et qui m’aime comme une sœur ! Mariée il y a deux mois à peine à ce rajah que je ne connaissais pas, ils veulent que je meure, moi qui suis à peine entrée dans la vie !

NAKAHIRA.

Pauvre Aouda !

AOUDA.

J’étais enfermée depuis deux jours dans la pagode où j’attendais l’heure du supplice. Les brahmanes avaient voulu m’enivrer de ce « hang » qui anéantit à la fois l’âme et le corps ! J’avais repoussé ce breuvage ! La nuit dernière, Nakahira put parvenir jusqu’à moi et m’entraîna pendant le sommeil de ces prêtres ! Toute la journée, nous avons marché à travers la forêt et les jungles, et nous sommes arrivées dans cette demeure où le ciel m’a fait rencontrer un ami et un frère !

LE PARSI.

Le sacrifice doit avoir lieu cette nuit même !

NAKAHIRA.

Oui ! cette nuit même !

LE PARSI.

Eh bien, la victime manquera au sacrifice ! Aouda, je serai ton guide, je te conduirai jusqu’aux possessions anglaises.

AOUDA.

Merci, frère.

NAKAHIRA.

En quelques heures nous aurons gagné Calcutta…

AOUDA.

Et là, je retrouverai une sœur bien-aimée, et avec elle, un parent qui ne refusera pas de m’accueillir.