Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/89

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Bornéo pour y prendre le paquebot américain, dont mon maître saura bien activer la marche, grâce à la sacoche.

ARCHIBALD.

Nous verrons cela. Ah ! Passepartout, restez ici ; et jusqu’à mon retour, veillez bien sur nos compagnes.

PASSEPARTOUT.

Comptez sur moi, monsieur !

(Archibald sort après avoir regardé une dernière fois les deux voyageuses endormies.)
PASSEPARTOUT, s’occupant d’entretenir le feu et regardant les femmes.

Les voilà parties ! Comme elles dorment gentiment ! Elles n’ont pas bronché pendant ce nauffrage ! (Regardant autour de lui.) Tout est bien dans l’appartement de ces dames. Allons, ne nous laissons pas manquer de bois ! J’en vois là-bas. Allons au chantier. (Il sort par le fond.)


Scène III

AOUDA, NÉMÉA.

(À peine Passepartout est-il sorti, que quelques bruissements se font entendre, et bientôt on aperçoit plusieurs serpents qui se glissent sur la voûte de la caverne et descendent peu à peu vers la gauche. Deux de ces reptiles rampent sur le sol et se dirigent vers Aouda et Néméa endormies ; puis, de tous les coins de la grotte, de toutes les anfractuosités des rochers, sur les parois, à la voûte, apparaissent des centaines de ces reptiles, qui grouillent et qui sifflent.)

AOUDA, s’éveillant.

Qu’ai-je donc entendu ? (Elle se soulève et jette un cri étouffé.) C’est un rêve, c’est un abominable songe que je fais ! (Se levant et marchant.) Non, non, ces horribles reptiles !… (Voyant ceux qui rampent vers Néméa.) Ah ! Néméa !

NÉMÉA, s’éveillant.

Aouda !… (Jetant un cri déchirant.) Ah !

AOUDA.

Ma sœur ! (Elle veut aller vers elle. Un serpent s’est dressé et monte le long de sa taille, autour de laquelle il s’enroule.) Mon Dieu ! mon Dieu ! prenez, prenez pitié !…

NÉMÉA.

Aouda !… (Elle veut aller vers elle.)

AOUDA, étendant le bras.

Non, je te le défends… Je te le déf… Ah !…