Page:Lesage - Œuvres, Didot, 1877.djvu/777

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est vrai, Madame et quand vous saurez toutes les circonstances de ce mariage, vous excuserez... M.Oronte. Monsieur Orgon n'a pu se dispenser d'y consentir ; mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'il assure que son fils est actuellement à Chartres. M. Orgon. Sans doute. Mme Oronte. Cependant il y a ici un jeune homme qui se dit votre fils. M. Orgon. C'est un imposteur. M.Oronte. Et La Branche ce même valet qui était ici avec vous il y a quinze jours, l'appelle son maître. M. Orgon. La Branche, dites-vous ? Ah le pendard ! Je ne m'étonne plus s'il m'a tout à l'heure empêché d'entrer chez vous. Il m'a dit que vous étiez tous deux dans une colère épouvantable contre moi, et que vous l'aviez maltraité lui. Mme Oronte. Le menteur ! Lisette, bas. Je vois l'enclouure, ou peu s'en faut. Valère, bas. Mon traître se serait-il joué de moi ? M.Oronte. Nous allons approfondir cela, car les voici tous deux.


Scène XXVI

Crispin, La Branche, M.Oronte,M. Orgon, Mme Oronte, Angélique, Valère, Lisette

Crispin. Hé bien, Monsieur Oronte, tout est-il prêt ? Notre mariage... ouf ! qu'est-ce que je vois ? La Branche. Ahi, nous sommes découverts, sauvons-nous. Ils veulent se retirer, mais Valère court à eux et les arrête. Valère. Oh vous ne nous échapperez pas, Messieurs les marauds, et vous serez traités comme vous le méritez. Valère la main sur l'épaule de Crispin. Monsieur Oronte et Monsieur Orgon se saisissent de La Branche. M.Oronte. Ah ah, nous vous tenons, fourbes. M. Orgon, à La Branche. Dis-nous méchant. Qui est cet autre fripon que tu fais passer pour Damis ? Valère. C'est mon valet. Mme Oronte. Un valet, juste ciel, un valet. Valère. Un perfide qui me fait accroire qu'il est dans mes intérêts, pendant qu'il emploie pour me tromper le plus noir de tous les artifices. Crispin. Doucement, Monsieur, doucement, ne jugeons point sur les apparences. M. Orgon, à La Branche. Et toi, coquin, voilà donc comme tu fais les commissions que je te donne. La Branche. Allons, Monsieur, allons bride en main, s'il vous plaît, ne condamnons point les gens sans les entendre. M. Orgon. Quoi ! tu voudrais soutenir que tu n'es pas un maître fripon. La Branche, d'un ton pleureur. Je suis un fripon, fort bien. Voyez les douceurs qu'on s'attire en servant avec affection. Valère, à Crispin. Tu ne demeureras pas d'accord non plus toi, que tu es un fourbe, un scélérat ? Crispin, d'un ton emporté. Scélérat, fourbe, que diable, Monsieur, vous me prodiguez des épithètes qui ne me conviennent point du tout. Valère. Nous aurons encore tort de soupçonner votre fidélité, traîtres ! M.Oronte. Que direz-vous pour vous justifier, misérables ? La Branche. Tenez, voilà Crispin, qui va vous tirer d'erreur. Crispin. La Branche vous expliquera la chose en deux mots. La Branche. Parle, Crispin, fais-leur voir notre innocence. Crispin. Parle toi-même, La Branche, tu les auras bientôt désabusés. La Branche. Non non, tu débrouilleras mieux le fait. Crispin. Hé