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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

blanc), sans doute à cause de la blancheur de son âme qui se manifestait extérieurement sur toute sa personne. C’est aussi pour le même motif que nos pères, il y a quatorze cents ans, donnèrent, au Patriarche des moines de la Bretagne et à son successeur les noms de Gwen-oll-e, il est tout blanc, et de Gwen-Eal, ange blanc : saint Guénolé, saint Guénéal, l’un premier, l’autre second abbé de l’antique abbaye de Landévennec, aujourd’hui, hélas ! en ruines. Comme Monseigneur Graveran, ils ont illustré par leurs vertus et leur profond savoir, la belle presqu’île de Crozon, où naquit, le 16 mars 1793, le saint évêque dont nous parlons.

Si la figure est l’image et le reflet de l’âme, l’âme de Monseigneur Graveran devait être assurément belle et pure. Les qualités, qui formaient le fond de sa nature excellente, étaient rehaussées encore par un esprit supérieur, par une intelligence précoce et vive ne laissant, où elle passait, que peu de place à la critique. D’un coup-d’œil, il pénétrait le fond d’une question et l’envisageait, sous toutes ses faces, dans son ensemble et dans ses détails ; il avait comme le don de saisir le bien et de se l’incorporer, si on peut le dire. Cette pénétration, secondée par sa charité, lui servait à diriger tous ses actes vers l’accomplissement de ses devoirs, c’est-à-dire, vers l’accroissement de la Foi, l’honneur de son pays et la gloire de Dieu ; c’est elle aussi qui lui fit reconnaître, dès son apparition, l’immense avantage qui devait résulter, pour la religion, du système de Le Gonidec. La pureté du langage unie à une orthographe méthodique et raisonnée prouva immédiatement à ses yeux, son incontestable supériorité sur les systèmes multiples des auteurs Gallo-Bretons, précipitant par leur coupable inertie notre langue celtique vers une ruine