Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/254

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bois et les rochers de son nom et de ses plaintes. Les deux, autres, ravies d’être en liberté, ne perdirent pas un moment à faire ce qu’elles avaient projeté. Longue-Épine mit les plus riches habits de Désirée. Le manteau royal qui avait été fait pour ses noces était d’une richesse sans pareille, et la couronne avait des diamants deux ou trois fois gros comme le poing ; son sceptre était d’un seul rubis ; le globe qu’elle tenait dans l’autre main, d’une perle plus grosse que la tête : cela était rare et très lourd à porter, mais il fallait persuader qu’elle était la princesse, et ne rien négliger de tous les ornements royaux.

En cet équipage, Longue-Épine, suivie de sa mère qui portait la queue de son manteau, s’achemine vers la ville. Cette fausse princesse marchait gravement : elle ne doutait pas que l’on ne vînt les recevoir ; et, en effet, elles n’étaient guère avancées, quand elles aperçurent un gros de cavalerie et, au milieu, deux litières brillantes d’or et de pierreries, portées par des mulets ornés de longs panaches de plumes vertes (c’était la couleur favorite de la princesse). Le roi, qui était dans l’une, et le prince malade, dans l’autre, ne savaient que juger de ces dames qui venaient à eux. Les plus empressés galopèrent vers elles, et jugèrent par la magnificence de leurs habits qu’elles devaient être des personnes de distinction. Ils mirent pied à terre et les abordèrent respectueusement. « Obligez-moi de m’apprendre, leur dit Longue-Épine, qui est dans ces litières. — Mesdames, répliquèrent-ils, c’est le roi et le prince son fils qui viennent au-devant de la princesse Désirée. — Allez, je vous prie, leur dire, continua-t-elle, que la voici ; une fée, jalouse de mon bonheur, a dispersé tous ceux qui m’accom-