Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pagnaient par une centaine de coups de tonnerre, d’éclairs et de prodiges surprenants ; mais voici ma dame d’honneur, qui est chargée des lettres du roi mon père et de mes pierreries. »

Aussitôt ces cavaliers lui baisèrent le bas de sa robe, et furent en diligence annoncer au roi que la princesse approchait. « Comment ! s’écria-t-il, elle vient à pied en plein jour ! » Ils lui racontèrent ce qu’elle leur avait dit. Le prince, brûlant d’impatience, les appela, et, sans leur faire aucune question : « Avouez, leur dit-il, que c’est un prodige de beauté, un miracle, une princesse tout accomplie. » Ils ne répondirent rien, et surprirent le prince. « Pour avoir trop à louer, continua-t-il, vous aimez mieux vous taire ? — Seigneur, vous l’allez voir, lui dit le plus hardi d’entre eux ; apparemment que la fatigue du voyage l’a changée. » Le prince demeura surpris ; s’il avait été moins faible, il se serait précipité de la litière pour satisfaire son impatience et sa curiosité. Le roi descendit de la sienne, et, s’avançant avec toute la cour, il joignit la fausse princesse ; mais aussitôt qu’il eut jeté les yeux sur elle, il poussa un grand cri, et, reculant quelques pas : « Que vois-je ? dit-il. Quelle perfidie ! — Sire, dit la dame d’honneur en s’avançant hardiment, voici la princesse Désirée avec les lettres du roi et de la reine ; je remets aussi entre vos mains la cassette de pierreries dont ils me chargèrent en partant. »

Le roi gardait à tout cela un morne silence, et le prince, s’appuyant sur Becafigue, s’approcha de Longue-Épine. Ô dieux ! que devint-il après avoir considéré cette fille, dont la taille extraordinaire faisait peur ! Elle était si grande, que les habits de la princesse lui couvraient à peine les ge-