Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/292

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de joie : car tel chien qui tient dans un gland doit être fort petit. Il voulait l’ouvrir, tant il avait envie de le voir ; mais Chatte blanche lui dit qu’il pourrait avoir froid par les chemins, et qu’il valait mieux attendre qu’il fût devant le roi son père. Il la remercia mille fois, et lui dit un adieu très tendre. « Je vous assure, ajouta-t-il, que les jours m’ont paru si courts avec vous, que je regrette en quelque façon de vous laisser ici ; et, quoique vous y soyez souveraine, et que tous les chats qui vous font leur cour aient plus d’esprit et de galanterie que les nôtres, je ne laisse pas de vous convier de venir avec moi. » La chatte ne répondit à cette proposition que par un profond soupir.

Ils se quittèrent ; le prince arriva le premier au château où le rendez-vous avait été réglé avec ses frères. Ils s’y rendirent peu après, et demeurèrent surpris de voir dans la cour un cheval de bois qui sautait mieux que tous ceux que l’on a dans les académies.

Le prince vint au-devant d’eux. Ils s’embrassèrent plusieurs fois, et se rendirent compte de leurs voyages ; mais notre prince déguisa à ses frères la vérité de ses aventures, et leur montra un méchant chien qui servait à tourner la broche, disant qu’il l’avait trouvé si joli, que c’était celui qu’il apportait au roi. Quelque amitié qui fût entre eux, les deux aînés sentirent une secrète joie du mauvais choix de leur cadet ; ils étaient à table, et se marchaient sur le pied, comme pour se dire qu’ils n’avaient rien à craindre de ce côté-là.

Le lendemain ils partirent ensemble dans un même carrosse. Les deux fils aînés du roi avaient de petits chiens dans des paniers, si beaux et si délicats, que l’on osait à