Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/329

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meura dans le chariot ; il aperçut ses frères qui se promenaient avec des princesses d’une excellente beauté. Dès qu’ils le reconnurent, ils s’avancèrent pour le recevoir, et ils lui demandèrent s’il amenait une maîtresse : il leur dit qu’il avait été si malheureux, que dans tout son voyage il n’en avait rencontré que de très laides ; que ce qu’il apportait de plus rare, c’était une petite chatte blanche. Ils se prirent à rire de sa simplicité. « Une chatte ! lui dirent-ils ; avez-vous peur que les souris ne mangent notre palais ? » Le prince répliqua qu’en effet il n’était pas sage de vouloir faire un tel présent à son père. Là-dessus chacun prit le chemin de la ville.

Les courtisans s’empressèrent de venir dire au roi que les trois princes arrivaient. « Amènent-ils de belles dames ? répliqua le roi. — Il est impossible de rien voir qui les surpasse. » À cette réponse il parut fâché. Les deux princes s’empressèrent de monter avec leurs merveilleuses princesses. Le roi les reçut très bien, et ne savait à laquelle donner le prix ; il regarda son cadet, et lui dit : « Cette fois-ci, vous venez donc seul ? — Votre Majesté verra dans ce rocher une petite chatte blanche, répliqua le prince, qui miaule si doucement, et qui fait si bien patte de velours, qu’elle lui agréera. » Le roi sourit, et fut lui-même pour ouvrir le rocher ; mais aussitôt qu’il s’approcha, la reine avec un ressort en fit tomber toutes les pièces, et parut comme le soleil qui a été quelque temps enveloppé dans une nue : ses cheveux blonds étaient épars sur ses épaules, ils tombaient par grosses boucles jusqu’à ses pieds ; sa tête était ceinte de fleurs ; sa robe, d’une légère gaze blanche, doublée de taffetas couleur de rose. Elle se leva et fit une