Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/344

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Il n’osa se reposer près d’un lieu si dangereux, quoiqu’il en eût grand besoin. Le soleil se levait, et ses premiers rayons lui firent découvrir quelque chose de brillant au milieu d’un petit sentier ; il suivit ce sentier ; mais, après avoir longtemps marché pour arriver à ce qu’il voyait, cela lui parut toujours à la même distance. Il fut contraint de s’asseoir de chagrin et de lassitude ; et, dès qu’il fut sur l’herbe, ce qu’il avait vu s’éleva dans l’air, et le plus bel oiseau du monde se vint poser sur un buisson, à quatre pas de lui. Les plumes de ses ailes étaient or et azur, le reste couleur de feu et blanc ; son bec et ses ongles étaient d’or ; il avait la figure d’un perroquet, hors qu’il paraissait un peu plus gros.

Tarare, qui le considérait attentivement, fut charmé de sa beauté : quelque chose de plus que la curiosité le pressait d’en approcher ; mais il eut peur qu’il ne s’envolât.

Le perroquet n’y songeait pas ; car, après avoir quelque temps cherché dans le buisson, il en tira un petit sac qu’il mit à terre ; et, l’ayant délié fort adroitement, il en sortit une pincée ou deux, de sel, qu’il se mit à becqueter, après l’avoir éparpillé de ses pieds.

« Perroquet, mon cœur, dit Tarare, n’en mangez pas, cela vous fera mal. » Le perroquet fit un éclat de rire, en le regardant pourtant fort sérieusement. « Mon Dieu ! poursuivit l’autre, que voilà un aimable perroquet ! Mais que dis-je ? un perroquet ! c’est un phénix… — Tarare ! » dit le perroquet, et il s’envola.

Tarare, l’ayant perdu de vue, ramassa le sac de sel, et se mit en chemin le long du sentier où il était : il espéra que l’oiseau reviendrait à lui, puisqu’il emportait sa nourriture.