Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/35

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« Les peuples qui avaient de telles opinions sur les femmes, qui leur accordaient une si grande part dans les affaires humaines, une telle participation aux secrets de la divinité même, étaient de tous les mieux préparés à admettre un genre de merveilleux et de mythologie ou les femmes jouent le principal rôle et exercent un pouvoir souverain sur toute la nature[1]. »

Selon Walckenaër, c’est donc dans les croyances, les traditions, les légendes gauloises et germaines, galliques et celtiques, qu’il faut chercher la fée, qui se distingue de tous les types de divinité inférieure, de divinité terrestre, en quelque sorte, chers à la superstition païenne.

« S’il est un genre de superstition qui ait un caractère particulier, c’est celui de la croyance aux fées, à ces génies femelles, le plus souvent sans nom, sans filiation, sans parenté, qui sont sans cesse occupés à bouleverser l’ordre de la nature, pour le bonheur ou le malheur des mortels qu’ils chérissent ou favorisent sans motifs, ou haïssent et persécutent sans cause. Tous ceux qui ont étudié avec soin les diverses religions, les diverses croyances superstitieuses, conviennent que les êtres fantastiques qui étaient désignée par le nom de fées ne se retrouvent, sous un même type ou avec les mêmes caractères, ni dans les Parques et les magiciennes de l’antiquité, telles que les Circé, les Calypso, les Médée, ni dans les déesses-mères, si révérées chez les anciens par les habitants des campagnes, ni dans les sibylles ou les prêtresses grecques, qui rendaient des oracles, ni dans les prophétesses de la Germanie, ni dans les péris des Persans, les enchanteresses des Arabes et autres peuples orientaux, ni enfin dans les compagnes de ces sylphes, de ces ondins, de ces gnomes, de ces salamandres, et de ces multitudes de farfadets et de divinités lilliputiennes dont les cabalistes avaient peuplé les quatre éléments.

« Dès qu’il est reconnu que nos fées sont des êtres distincts et particuliers, qu’on ne doit pas confondre avec les autres êtres surnaturels, il nous faut d’abord rechercher quel est le plus ancien auteur qui en parle d’une manière claire et précise, et ensuite trouver le pays où elles ont le plus anciennement dominé les esprits, à l’exclusion de toutes les autres divinités que la superstition avait ailleurs enfantées. »

Cet auteur, c’est, suivant Walckenaër, Pomponius Méla, géographe du premier siècle de l’ère chrétienne, qui parle le premier de neuf vierges douées d’un pouvoir surnaturel, habitant l’île de Sein, située près de la pointe Audierne, à l’extrémité de Pennmark ou du coin le

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