Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/353

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autre chose. Cependant, bien résolu de suivre tous ces mouvements inconnus, il commença par souffleter de méchants petits coquins, qu’il vit venir avec de la glu pour prendre les pauvres petits oiseaux : il leur ôta cette glu, de peur qu’ils ne s’en servissent en son absence ; et, à l’entrée de la nuit, il s’achemina vers l’écurie de Sonnante, portant son petit sac de sel et la glu qu’il avait prise aux petits garçons. Bel équipage pour une entreprise comme la sienne ! belles armes pour se garantir du pouvoir redoutable d’une sorcière, à laquelle il voulait ravir tous ses trésors !

Un bruit mélodieux le conduisit droit à la jument Sonnante ; il y arriva comme elle venait de se coucher. C’était la plus belle, la plus douce et la meilleure bête du monde. Il la caressa doucement de la main en la saluant : elle en fut si touchée, qu’elle lui aurait donné sa vie ; car elle était accoutumée à ne voir que le fils de la sorcière, qui lui donnait à manger, et qui souvent la maltraitait ; outre qu’il était si horrible, que bien souvent elle eût mieux aimé jeûner que de le voir.

Quand il la vit dans cette disposition, il remplit toutes ses sonnettes l’une après l’autre avec du fumier, et les couvrit de cette glu qu’il avait apportée, pour les empêcher de se déboucher. Quand cela fut fait, la gentille Sonnante se leva d’elle-même pour voir s’il n’y avait plus rien autour d’elle qui pût faire du bruit.

Tarare réitéra ses caresses, la sella, lui mit sa bride, et, la laissant à l’écurie, s’achemina vers la demeure de Dentue. Dès qu’il y fut, il se posta sur le toit avec les mêmes précautions que le jour d’auparavant. Il ne savait pas pourquoi ce sac de sel était entre ses mains, quelque part qu’il pût