Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/398

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Le bon prince était en train d’en dire bien d’autres, lorsque l’illustre Serène, imposant silence à toute l’assemblée, demanda l’attention particulière du calife, de son conseil et de sa cour. Il parut quelque chose de si grand dans l’air dont elle avait parlé, que tout resta dans un silence respectueux ; mais la femme more se mit à trembler depuis la tête jusqu’aux pieds.

Serène prit le perroquet que tenait la princesse, et le mit à terre à quelque distance d’elle ; ensuite elle lui toucha le haut de la tête du bout de sa baguette, et, traçant un cercle assez spacieux autour de lui, on vit dans un instant une vapeur épaisse qui en dérobait la vue. Elle en fit de même autour du lit de repos, et toucha Fleur d’Épine au front : soudain on la vit enveloppée d’un semblable nuage.

Tandis qu’on était attentif à ce spectacle, Sonnante faisait le manège autour des spectateurs ; et l’agitation de ses sonnettes rendait une harmonie tellement au-dessus de ce qu’elle avait encore fait, qu’on en perdait la respiration.

Oh ! que les enchantements sont d’un grand secours pour le dénouement d’une intrigue, et la fin d’un conte ! Tant que Sonnante galopa, les nuages qui enveloppaient Fleur d’Épine et le perroquet subsistèrent. La magicienne, qui tenait cette baguette éclatante, en frappa trois fois la terre ; Sonnante s’arrêta, les nuages se dissipèrent ; et, à la place où l’on avait posé le perroquet, on vit l’homme du monde le plus charmant et le plus beau.

Tarare le reconnut d’abord pour le prince Phénix, son frère : il en fit un cri d’étonnement. Mais, au moment que l’autre venait se jeter dans ses bras, s’étant retourné vers l’endroit où il avait vu Fleur d’Épine, elle s’offrit à ses yeux,