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Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/399

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mille fois plus fraîche et plus belle qu’elle ne lui avait paru la première fois au bord du ruisseau, ni qu’elle ne lui avait semblé lorsqu’il l’avait considérée avec tant de plaisir tandis qu’elle dormait.

Le peuple témoignait son étonnement par des cris redoublés et confus, les courtisans par des exagérations, et le calife par des larmes de joie.

Luisante considérait avec attention une métamorphose qui semblait ne lui pas déplaire ; et Phénix tenait les yeux attachés sur les siens.

Mais le passionné Tarare, dans les transports d’une joie immodérée, en allait donner mille marques aux pieds de Fleur d’Épine, si Serène ne l’eût arrêté dans le moment qu’il s’y jetait ; et, le prenant par la main, elle le plaça auprès de son frère. Ce fut alors qu’ils s’embrassèrent le plus tendrement du monde ; mais il fallut interrompre toutes ces amitiés pour Luisante, que la magicienne plaça vis-à-vis d’eux. « Regardez bien ces frères, lui dit-elle ; consultez les services de l’un, consultez les charmes de l’autre ; mais surtout consultez votre cœur sur une décision que votre destinée rend irrévocable : lequel de ces princes que vous preniez pour époux, vous ne sauriez faire un choix indigne, ni celui que vous choisirez ne peut refuser d’être à vous. »

Tarare, que la présence de Phénix rassurait un peu, ne laissa pas de trembler de peur que le diable ne la tentât de le nommer. Mais, comme il n’y avait aucune comparaison de lui à Phénix pour la figure, Luisante ne balança point à choisir, et donna la main au plus beau.

Serène joignit celles de Fleur d’Épine et de Tarare. C’était toute la cérémonie des mariages de ces temps-là : et,