Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/419

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« Il s’en aperçut ; et, malgré toutes les façons qu’elles firent pour ne le pas quitter, ma mère partit pour la Circassie, où ma sœur l’accompagna, beaucoup plus contente qu’elle ne le parut en nous disant adieu.

« L’argent ne coûtait rien à un homme qui possédait le secret dont il était maître ; et l’équipage magnifique avec lequel elles arrivèrent dans le pays de ma mère était digne de la première fortune de son époux.

« Le roi de Circassie n’eut pas plus tôt vu ma sœur, qu’il la trouva digne d’une préférence glorieuse sur toutes les Circassiennes. Les plus belles furent au désespoir de voir qu’une étrangère venait leur enlever un cœur qu’elles s’étaient vainement disputé : les unes en séchèrent d’envie, les autres en crevèrent de dépit ; mais ma pauvre mère en mourut de joie.

« Mon père apprit ces deux nouvelles à la fois, et les reçut en vrai philosophe. Pour moi, j’avoue que la joie de l’une m’aida beaucoup à me consoler de la douleur de l’autre. Je ne songeai plus qu’à me perfectionner dans les sciences, où je faisais assez de progrès, et dont je sentais augmenter le goût à mesure que je me sentais acquérir de nouvelles lumières.

« Enfin mon père, après m’avoir communiqué toutes celles dont mon esprit était capable, voulut bien se laisser mourir, pour chercher dans l’autre monde ce qu’il n’avait pu découvrir dans celui-ci : il se laissa, dis-je, mourir ; car, avec les secrets qu’il avait, il n’aurait tenu qu’à lui de vivre tant qu’il eût voulu.

« J’héritai de ses trésors et d’une partie de ses connaissances ; mais, de tous ses dons, cette baguette que vous voyez est infiniment le plus précieux. Elle est composée de l’as-