Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/420

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semblage de toutes les vertus secrètes des minéraux et des talismans : par elle je commande aux éléments, je découvre la vérité de tout, une partie de l’avenir m’est présente, et je rappelle tout le passé. Mon père m’avait défendu de monter jusqu’au haut de la montagne que nous habitions : cette curiosité, que je n’avais jamais eue avant, me vint tourmenter au moment qu’il me l’eut défendue ; et, dès qu’il eut les yeux fermés, je la satisfis.

« Ce fut de là que, contemplant avec étonnement les plaines enchantées du bienheureux Cachemire, je fis transporter ce que je voulus des trésors immenses dont mon père avait enrichi les cavernes de cette montagne ; et, de peur que l’affluence de ceux qui viendraient me consulter n’interrompît les heures de repos ou d’étude dont je voulais être la maîtresse, je rendis ma demeure inaccessible à tout ce que je ne voulais pas y recevoir.

« J’y goûtai tout ce que la tranquillité d’esprit a de plus aimable pour les mortels ; et, loin d’envier l’établissement de ma sœur sur le trône de Circassie, rien ne troubla la paix dont mon cœur jouissait, que mon inquiétude pour elle.

« Comme elle avait eu trois filles de suite, je consultai mes livres sur leur destinée et la sienne. J’appris qu’elle n’aurait plus d’enfants, et que le roi son époux la laisserait bientôt veuve, et régente de ses États. Je trouvai dans l’horoscope de l’aînée de ses filles, qu’elle était menacée de quelque désastre ; mais ce fut en vain que je mis tout en usage pour en savoir les particularités : je connus seulement qu’une puissance ennemie, presque égale à la mienne, la devait persécuter. J’eus recours à ma baguette ; et, en ayant passé le bout sur une peau de parchemin que j’ouvris sur la table, elle