Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/446

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« Ah ! dit-il, c’est un charme de cette sorcière qu’on appelle la bonne femme ; il faut que je me délivre d’elle et de toute sa race, et que je la fasse mourir. »

Il se leva, ne pouvant demeurer dans son lit, et dès que le jour parut, il commanda à ses gendarmes de prendre toute l’innocente petite famille, et de la conduire dans des cachots. Il se les fit amener devant lui, pour être témoin de leur désespoir. Les charmants visages, qui étaient tout arrosés de pleurs, ne le touchaient point, au contraire, il en avait une maligne joie.

Son fils, dont le tendre cœur était déchiré par un spectacle si sensible, ne pouvait tourner les yeux sur Mirtis, sans ressentir une douleur à laquelle rien n’était comparable.

Un véritable amant, dans ces occasions, souffre encore plus que la personne aimée.

On prit ces pauvres innocents, et on les emmenait déjà, quand le jeune Finfin, qui n’avait point d’armes pour opposer à ces barbares, prit tout d’un coup le cordon de son col.

« Petite amande, s’écria-t-il, je voudrais que nous pussions être hors de la puissance du roi.

— Avec ses plus grands ennemis, ma chère cerise, continua Lirette.

— Et que nous emmenions le beau prince, mon azerole, » poursuivit Mirtis.

Ils avaient à peine proféré ces paroles, qu’ils se trouvèrent tous dans un char avec le prince, la perdrix et le faon, et, s’élevant en l’air, ils eurent bientôt perdu de vue le roi et la maison des roses. Dès que Mirtis eut fait son souhait, elle s’en repentit ; elle connut bien qu’elle s’était laissé inconsidérément emportera un premier mouvement dont elle n’a-