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Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/456

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libre, les assurant qu’elle avait assez de courage pour aller en cet état à la mort : et, considérant qu’elle n’avait pas de temps à perdre, elle s’approcha du roi et lui jeta sa mousse sur les pieds. Il était auprès de l’effroyable gouffre, et, voulant le considérer encore avec plaisir, les pieds lui glissèrent et il tomba dedans. À peine y fut-il que toutes les bêtes sanguinaires se jetèrent sur lui, et le firent mourir en le piquant. La bonne femme se trouva en la compagnie de sa chère perdrix, dans la maison des roses.

Pendant que ces choses se passaient, Finfin et Lirette étaient presque morts de misère dans leur affreuse prison ; leur affection innocente les retenait encore à la vie. Ils se disaient des choses bien tristes et bien touchantes, quand ils aperçurent tout d’un coup les portes de leur prison qui s’ouvrirent, et Mirtis, le beau prince, et madame Tu-tu qui se jetèrent à leur cou, et qui, en leur parlant tous à la fois, ne laissèrent pas, dans ce désordre, de leur faire entendre la mort du roi.

« C’était votre père, Finfin, aussi bien que celui du prince, lui dit madame Tu-tu ; mais c’était un dénaturé et un tyran ; il a voulu cent fois faire mourir la reine. Allons la trouver ! »

Ils y allèrent. Sa vertu lui fit donner quelques regrets à la mort du roi son mari. Finfin et le prince satisfirent aussi aux devoirs de la nature. Finfin fut reconnu roi, et Mirtis et Lirette pour princesses. Ils furent tous ensemble à la maison des roses pour voir la généreuse bonne femme : elle pensa mourir de joie en les embrassant. Ils lui dirent tous qu’ils lui devaient la vie et plus que la vie, puisqu’ils lui devaient leur bonheur.