Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/47

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nom de houles (anglais hole, caverne, grotte) aux grottes des falaises ; on en trouve à Cancale, presque sur la limite de la Normandie et de la Bretagne, et dans la commune d’Étables, à quelques kilomètres du pays bretonnant, est la houle Notre-Dame.

« Entre ces deux points extrêmes, il y a un grand nombre de houles ; j’en connais plus de vingt, et je suis certainement loin de les connaître toutes.

« De ces grottes, les unes, comme celles de la falaise de Frebel et Plévenon, ont des proportions monumentales et grandioses : leur entrée est parfois une sorte de voûte, souvent en forme de cintre, élevée de dix à douze mètres au-dessus des galets. Elles se prolongent sous terre si loin que personne, assurent les gens du pays, n’a pu aller jusqu’au fond. On pénètre dans les autres par une fente étroite et haute dissimulée entre les rochers, et qui laisse à peine un passage suffisant pour nu homme : quand on a dépassé rentrée, la grotte devient plus large et parfois elle s’étend assez loin sous la falaise. Il est d’autres houles qui sont actuellement à l’état de ruines… presque toutes celles de Saint-Cast sont en cet état. Les gens du pays, surtout les personnes âgées, disent que, depuis le départ des fées, les grottes, n’étant plus habitées et entretenues, sont tombées en ruines.

« Outre le nom de houles, qui est le plus généralement employé, les grottes partent aussi le nom de pertus (pertuis, trou) ès fées ou de goule. Ce dernier mot est peut-être une corruption de houle. Parfois aussi on les appelle les chambres des fées. Il y en a où l’on voit encore, dit-on, les tables de pierre sur lesquelles les bonnes dames prenaient leurs repas, leurs sièges et les berceaux en pierre de leurs enfants…

« … Les fées des houles se nommaient fées ; les fées mâles, faitos ou faitauds ; on les appelait aussi fêtes ; ce dernier mot, très voisin du latin fata était masculin et féminin. Vers Saint-Briac, on les désigne parfois sous le nom de fions, mot qui s’applique aux fées des deux sexes, et aussi à certains lutins espiègles.

« Quand les fées habitaient leurs grottes, elles se montraient assez fréquemment aux hommes, mais elles sortaient plus volontiers la nuit que le jour. Avant le soleil couché, elles notaient visibles que pour ceux qui avaient eu le tour des yeux frottes avec la pommade qui rend clairvoyant. Mais, à la nuit close, tout le monde les voyait, paraît-il.

« À part leur pouvoir surnaturel et leur immortalité, les fées et les faitauds vivaient comme les hommes, et avaient presque les mêmes passions qu’eux. Les hommes ont toujours fait les dieux à leur image. Comme eux, ils étaient sujets aux maladies. Dans l’Enfant de la Fée, un enfant des fées a mal aux yeux ; la dame de la Goule-és-Fées est accouchée par une sage-femme.

« Elles se mariaient soit avec des faitauds, qui jouent en général un rôle assez effacé, soit avec des hommes. Mais il semble qu’en s’unissant aux