Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/490

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attachée de plus en plus aux intérêts de cette reine, elle ne put lui refuser de faire à la cour un séjour plus long qu’elle n’avait projeté. Elle la rassura aussi sur le sort de ses enfants, et lui apprit leur châtiment et les raisons qu’elle avait eues de se porter à cette extrémité ; mais comme la vraie et tendre amitié fait faire mystère des choses les plus intéressantes, lorsqu’elles peuvent être affligeantes pour la personne aimée, elle lui cacha avec soin l’enlèvement de son cher Cadichon, et les alarmes qu’elle en ressentait elle-même ; puis, lui ayant recommandé la confiance, la patience et la discrétion, si elle voulait parvenir au bonheur, elle la quitta avec regret pour retourner dans son gouvernement de l’île Bambine.

Dès qu’elle y fut arrivée, on l’informa avec empressement d’un événement inouï depuis l’établissement de l’ile. La mie doyenne qui, pendant l’absence de la fée, faisait les fonctions de gouvernante, lui apprit que quelques enfants mutins, opiniâtres, et auxquels on avait pardonné plusieurs fois, soutenus des poupées leurs amies, s’étaient révoltés, dans le dessein de ne plus obéir à leurs mies ; que l’esprit de révolte avait tellement gagné en peu de temps, qu’on avait eu bien de la peine à en arrêter le cours ; que pour cet effet, se servant de son autorité, elle avait commencé par faire emprisonner les poupées dans les boîtes, et qu’à l’égard des enfants, elle avait condamné les uns à n’avoir, pendant quinze jours, que du pain sec à goûter, les autres à être en coiffure de nuit pendant un mois, ou bien à être enfermés entre quatre chaises l’espace de deux heures par jour, jusqu’à ce qu’ils eussent demandé pardon publiquement.

La fée gouvernante approuva la conduite de la mie